Centre Val-de-Loire (Loir-et-Cher) Méthabraye, du biogaz porté de la campagne à la ville
Dans le Perche, des éleveurs laitiers fabriquent du gaz vertet l’injectent à Vendôme. Un projet de territoire innovant.
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Depuis mi-mai, un camion-citerne part de Savigny-sur-Braye, dans le Perche, pour arriver à Naveil, dans l’agglomération de Vendôme (Loir-et-Cher). Sa particularité ? Il transporte du biogaz. Ce gaz vert, produit et épuré près des exploitations agricoles, est « porté », puis injecté dans le réseau de gaz d’une zone d’activités. Une première en France.
Dès 2012, les membres de dix-sept élevages réfléchissent à une solution collective pour répondre à la mise aux normes du stockage de leur fumier. Habitués à travailler ensemble au sein de deux Cuma, les éleveurs laitiers décident de monter une unité de méthanisation de 148 Nm3/h. « Notre projet a mis six ans à voir le jour. C’est relativement rapide, souligne Delphine Descamps, éleveuse et présidente de la SAS Méthabraye. Notre force, c’est le groupe. Il n’a pas changé depuis le début. »
Le village de Savigny-sur-Braye ne dispose pas d’un réseau de gaz assez gros pour absorber toute la production ; le bureau d’études Astrade leur propose, en 2014, de faire du biogaz porté. Les contacts sont pris avec GRDF et le Pays vendômois pour trouver un terrain propice à l’injection. Le réseau de gaz est étendu et permet à deux entreprises de se raccorder. Grâce à son aspect innovant, le projet obtient 20 % de subvention de l’Ademe Centre, soit 1,17 M€ sur les 6,8 M€ d’investissement. « Cela a été un élément fédérateur pour notre groupe. Sans les aides, il aurait été difficile de continuer », ajoute Delphine Descamps. Les éleveurs bénéficient du tarif d’achat de 110,8 €/MWh, garantie sur quinze ans. Le retour sur investissement est prévu dans sept ans et demi.
Un projet bien accepté
Impliqués dans la vie locale, les agriculteurs ont très tôt sensibilisé les élus à leur projet et les riverains situés à moins de 500 m du méthaniseur. « Une fois les impacts connus, nous leur avons présenté le projet, puis nous avons organisé la visite d’un autre site de méthanisation agricole. C’était en 2015 et à ce stade, il n’était pas simple de répondre à toutes les questions. Mais nous avons pris en compte leurs remarques. Nous avons réalisé un bardage bois sur un bâtiment », ajoute l’agricultrice. Grâce à cette communication, le projet a été bien accepté.
L’unité de méthanisation génère deux emplois directs pour la collecte des fumiers et l’exploitation. Les éleveurs ont tenu à faire travailler des entreprises locales pour le chantier. Le terrassement, un lot de 400 000 €, a été accordé à un artisan de la commune. « Ce n’était pas toujours la méthode attendue par le maître d’œuvre, mais nous avons réussi. C’était important que notre village profite des retombées de ce chantier d’un an et demi », précise Delphine Descamps.
Aude RichardPour accéder à l'ensembles nos offres :