Le jour où… « J’ai reçu le président de la République »
Jean-Valère Randanne, 45 ans, éleveur, producteur de fromages à Aurières (Puy-de-Dôme)
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«En vue de l’accueil d’Emmanuel Macron sur une exploitation du Puy-de-Dôme, notre ferme avait été visitée, début janvier, par un représentant du cabinet du préfet. Avec nos 61 hectares de prairies et nos quarante montbéliardes et abondances, dont nous transformons le lait en fromages auvergnats – saint-nectaire, gaperon… –, nous pensions être trop petits pour être retenus. Quelle surprise de recevoir, quelques jours plus tard, un coup de fil nous annonçant la venue, dès le lendemain, de vingt-cinq personnes – membres du cabinet de la préfecture et intendants de l’Élysée – pour un goûter. Le feu vert fut ensuite donné : le Président visiterait notre exploitation la semaine suivante, le 26 janvier 2018.
Une journée mémorable
Quel stress pendant les préparatifs ! Aidée des régisseurs de l’Élysée et des jeunes du lycée hôtelier de Chamalières, Marilyne, mon épouse, a cuisiné un repas campagnard : salade avec noix et fourme d’Ambert, truffade-charcuterie, fromages maison et pompe aux pommes. Ma hantise était que nous empoisonnions le chef de l’État ! J’ai scotché les frigos et dormi dans la salle la nuit précédant le jour J !
Il était convenu que j’accueille personnellement Emmanuel Macron à son arrivée. Aussi fébrile que joyeux, je voulais être à la hauteur et rester fidèle au message que je voulais apporter au nom du monde paysan. Après l’avoir salué, j’ai fini par me sentir à l’aise, grâce à son charisme et à sa capacité d’écoute. Le déjeuner auquel participait une quinzaine de personnes, dont le président de la chambre d’agriculture, le président du syndicat du saint-nectaire et plusieurs éleveurs, a permis un vrai dialogue. « Dites-moi ce que vous avez à me dire, sans pincettes ! », avait précisé le Président en début de repas. Nous avons évoqué les problèmes de transmission, de fabrication au lait cru, de coûts de production, de suicide des agriculteurs… Parti l’après-midi présenter ses vœux dans un village voisin, le chef de l’État est revenu le soir, comme prévu, pour visiter notre exploitation. Il a pris le temps de le faire posément. Je suis fier de lui avoir explicité, en tête à tête dans notre cave d’affinage, la fabrication au lait cru et l’enjeu d’une filière réunissant deux mille producteurs. Si c’était à refaire, nous le referions ! Malgré le stress qu’il a généré, ce grand jour restera gravé dans notre mémoire ! »
Propos recueillis par Monique RoquePour accéder à l'ensembles nos offres :