Réduire l’astreinte Passer du lait à la viande, un équilibre à redéfinir
Remplacer ses vaches laitières par des allaitantes permet de réduire l’astreinte. Mais pour obtenir un revenu correct,il faut augmenter l’effectif et adapter les frais d’élevage aux types d’animaux et aux débouchés visés.
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Avant de se lancer
Évaluer les possibilités
« L’élevage allaitant nécessite davantage de surface en bâtiment que l’élevage laitier, car il faut plus de mères pour obtenir un même revenu. Les veaux restent également plus longtemps sur l’exploitation, et il y a des taureaux à loger. Pour gagner de la place, il est souvent nécessaire de réaménager une ancienne étable ou d’agrandir la stabulation avec un appentis », souligne Didier Cayroche, du CerFrance Lozère.
La configuration du parcellaire doit permettre le pâturage, qui est une des clés pour maîtriser les coûts. « Lorsque le foncier et les bâtiments ne sont pas adaptés à l’élevage allaitant, il est préférable d’envisager une autre production », conseille-t-il. Les chèvres ou les brebis offrent une alternative en lait, à condition qu’une collecte existe localement. Avec une traite saisonnière, ces deux productions allègent l’astreinte une partie de l’année, tout en dégageant une bonne rentabilité.
Se fixer des objectifs de revenu
En élevage allaitant, le revenu est plus extensif. « Dans un système naisseur où on vend des broutards légers, il faut compter deux vaches allaitantes pour avoir une marge identique à celle obtenue avec une laitière », relève Didier Cayroche. Pour rémunérer le même nombre de personnes qu’avant le changement d’orientation, le troupeau doit être augmenté et, si nécessaire, des surfaces supplémentaires doivent être trouvées afin de conserver une autonomie fourragère.
Dans le cas d’un Gaec où le fils reste seul au départ en retraite du père, par exemple, il n’y a plus qu’une personne à rémunérer. On peut alors retrouver un équilibre économique sans avoir à s’agrandir, à condition que les annuités ne soient pas trop élevées. « Pour améliorer la marge, on peut également choisir d’engraisser une partie des animaux et de les valoriser dans une filière “qualité” ou encore en vente directe. »
Impact économique
Plus de primes, moins de charges
« Les élevages allaitants sont davantage dépendants des primes, qui représentent le plus souvent de 50 à 65 % du chiffre d’affaires contre 40 % en élevage laitier », note Didier Cayroche. Le cycle de production est plus long et les rentrées d’argent moins étalées dans l’année. « Cela nécessite une trésorerie plus importante », ajoute-t-il. Les charges, en revanche, diminuent. « Il y a moins d’achats de concentré, de frais vétérinaires, et aussi moins d’eau, d’électricité, de produits de nettoyage et d’entretien du fait de la suppression de la traite. »
Des marchés plus stables
« Ces dernières années, les prix ont été plus stables en viande qu’en lait. Mais il y a malgré tout des fluctuations, en particulier sur le marché des broutards », relève-t-il. Pour les animaux de boucherie, par contre, des contrats dans des filières « qualité », avec des débouchés ciblés, sécurisent les prix.
Travail
Une organisation différente
Au quotidien, la suppression de la traite réduit l’astreinte. Trois heures en moins chaque jour, c’est 1 095 heures gagnées sur l’année. « Mais pour maîtriser la productivité, il faut rester très présent à des périodes clés : détection des chaleurs, surveillance des vêlages - groupés en élevage allaitant - ou encore démarrage des veaux », souligne Didier Cayroche. Suivant la configuration du parcellaire, la gestion des lots au pâturage peut être plus ou moins gourmande en temps. Pour contenir les coûts, les rations doivent être finement ajustées à chaque type d’animal. « Il y a de nouveaux repères techniques à acquérir. C’est un challenge, qui aide à rebondir après l’abandon de la production laitière. »
Frédérique Ehrhard
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