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Le jour où... « J’ai joué dans un film aux côtés de François Cluzet »

Didier Roguet, 52 ans, éleveur laitier dans l’Orne.

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«Je n’avais jamais côtoyé le monde du cinéma avant le film « Normandie nue ». Au printemps 2017, j’ai pris part à douze jours de tournage, avec ma famille et d’autres agriculteurs dont des amis. Le réalisateur Philippe Le Guay et son équipe avaient la volonté de faire participer de vrais paysans aux côtés des acteurs, dont François Cluzet, petit-fils d’éleveur, qui joue le rôle principal.

J’ai abordé ce tournage en sachant que le projet considérait la campagne et notre métier dans leur vérité. Car Philippe Le Guay avait mené une enquête de terrain en 2016, sur la situation et le ressenti agricole. Il était alors venu plusieurs fois sur notre ferme. Et il l’a choisie pour être l’exploitation de François Cluzet dans le film. Les figurants portés à l’écran possèdent des liens bien réels entre eux. Ainsi, le tournage a réuni plusieurs éleveurs qui avaient mené une grève du lait dans la vraie vie !

Notre monde et celui du cinéma se sont rencontrés, complétés, et une bonne synergie s’est établie sur le tournage. La réalisation a respecté notre vécu. Les dialogues ont souvent intégré des phrases sorties de notre bouche. Dans la scène de réunion où nous cherchons comment exprimer les problèmes agricoles aux médias, un agriculteur chante, car il aime le faire réellement. Aussi, je propose de baisser les phytos, car j’ai décidé de passer en bio.

La réalité dépasse la fiction

Je n’ai pas tourné de gaieté de cœur dans la scène où l’on se déshabille tous sur la photo. Je l’ai fait malgré tout, c’était un symbole dans le message du film. C’est certes une fiction, une comédie, mais il y a du lourd ! On y parle de saisies de biens, de suicide… Ces sujets nous touchent profondément. À tel point, qu’en tournant la scène où Cluzet tente de se pendre (il portait un harnais de sécurité), n’étant pas acteurs, nous avons cru qu’il y avait un problème !

Aujourd’hui, je vis une réalité qui dépasse la fiction. En octobre dernier, j’ai subi deux incendies sur mon exploitation, pour lesquels j’attends toujours de percevoir les premières mesures d’urgence. Je me retrouve « nu », face à de grosses difficultés. Mais à l’image du message délivré dans « Normandie nue », je ne baisse pas les bras, je me bats. »

Propos recueillis par Catherine Regnard

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