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Le jour où  J’ai porté plainte contre un activiste me menaçant sur Facebook

Frédéric, éleveur sélectionneur charolais en Saône-et-Loire, 45 ans.

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«Fin 2016, à la suite de l’incendie criminel d’un atelier d’engraissement collectif à Saint-Martial-le-Vieux dans la Creuse, j’ai soutenu les éleveurs et leurs défenseurs sur les réseaux sociaux. Je me suis retrouvé face à un interlocuteur particulièrement hargneux. Il m’a pris en grippe car je ne voulais pas lui laisser dire des contrevérités. Je n’avais pas peur. Il m’a insulté et menacé en me qualifiant d’assassin et de SS. Bien sûr, il n’a jamais répondu à mon invitation de visiter mon élevage.

L’hiver, pendant les vêlages, ses commentaires n’arrêtaient pas d’inonder ma messagerie. La nuit, le téléphone sonnait sans interlocuteur au bout du fil. Les appels ont cessé le jour où j’ai porté plainte. Il avait divulgué sur Facebook le prénom de mes enfants, et invité les militants de la cause animale à venir envahir « mon camp de concentration ».

Jusqu’alors, j’avais pris les choses un peu à la légère, déposant quand même une main courante. J’avais aussi réalisé des captures d’écran avant que ce contradicteur n’efface son compte et la quinzaine d’autres qu’il gérait sous des pseudonymes. Pendant deux jours, une camionnette de gendarmerie a stationné près de la maison. L’ambiance était tendue dans la famille.

Identifié, mon harceleur, un universitaire, a été entendu par le parquet de Nancy. Il avait déjà été condamné quatre fois pour des faits similaires. Un an plus tard, faute de demande de dommages et intérêts de ma part, la procédure a été classée sans suite. Si c’était à refaire, je réagirais plus rapidement et je me constituerais partie civile.

Quand l’abattoir coopératif Sicarev, dont je suis administrateur, a subi des intrusions, il a fallu une demi-douzaine de procédures pour que les activistes (dont des mineurs et des étrangers) aient d’autres peines que la confiscation de leur véhicule. Je suis révolté par le sentiment d’impunité dont bénéficient ces gens-là, et le manque de fermeté dont font preuve les pouvoirs publics. Après l’incendie des poulaillers de l’Orne, jusqu’où va aller la folie humaine ?

Je n’ai pas pour autant abandonné Facebook qui est pour moi le premier moyen de promotion de mon élevage. J’y compte 2 600 amis, dont des passionnés de la race charolaise, dans le monde entier. Ils m’ont soutenu pendant cette période difficile. »

Propos recueillis par Anne Bréhier

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