Ukraine Ukraine À la conquête du marché laitier européen
L’accord d’association entre l’Ukraine et l’Union européenne (UE), entré en vigueur en janvier 2017, amorce une réelle mutation de la filière laitière locale.
Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.
«L’accord avec l’UE des 28 incite l’Ukraine à adopter progressivement les normes et standards européens », introduit l’Institut de l’élevage (Idele) dans son dossier « Économie de l’élevage dédié au pays ».
Les trois quarts de la production laitière ukrainienne, 10 millions de tonnes en 2017, sont issus d’élevages « particuliers » d’une à deux vaches. En possession de 80 % du cheptel national, ces élevages livrent moins de 20 % de leur production.
Bien qu’encore largement majoritaires, la tendance est à la disparition progressive de ces petits élevages. « L’élevage laitier familial décline depuis plus de dix ans, précise l’Idele. Les enfants reprennent de moins en moins et l’application de la réglementation sanitaire (dans le cadre de l’accord avec l’UE, N.D.L.R.) risque d’accélérer le mouvement. » De fait, la totalité des volumes collectés auprès des particuliers sont « impropres » au marché européen (> 400 000 cellules/cm³). En 2017, seule 11 % de la collecte nationale était conforme aux normes UE. Principalement livrée par un noyau dynamique de 250 élevages professionnels de plus de 500 animaux, la part de lait dit « extra » est vouée à croître fortement, sous l’impulsion des transformateurs à l’assaut du marché européen.
Faible menace pour l’Europe
L‘accord susnommé est l’occasion pour l’Ukraine de développer sa production laitière organisée. Nécessaire pour compenser le déclin de la production « informelle », cette restructuration est aussi un moyen de redresser son solde commercial sur le marché des produits laitiers, fortement amputé par l’embargo russe en 2014.
Les transformateurs ukrainiens misent désormais sur l’export d’ingrédients secs et de beurre, majoritairement à destination de l’Europe, devenue le premier débouché du pays, et du pourtour méditerranéen. « Pour l’UE-28, les ventes ukrainiennes représentaient 7 % des importations de produits laitiers en 2017, chiffre l’Idele. Ce flux a bondi de 86 % en valeur, et de 66 % en volumes sur un an, du fait des exportations de beurre qui se sont envolées à 3 500 t en 2017. » Le solde commercial laitier de l’Ukraine avec l’UE reste malgré tout déficitaire en raison d’importations croissantes de fromages, laits infantiles et ultrafrais.
D’après les prévisions de l’Idele, cet accord ne devrait pas bouleverser l’équilibre de la filière européenne. Leur collecte devrait au mieux se maintenir à court terme et, les produits de grande consommation étant essentiellement consommés en interne, seuls les flux d’ingrédients laitiers (notamment destinés à l’alimentation animale) pourraient sensiblement progresser vers l’Union. Pour le beurre, soumis à des exigences sanitaires et des droits de douane plus importants, le dynamisme des échanges s’alignera sur la cotation du produit.
A. Courty
Pour accéder à l'ensembles nos offres :