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Le jour où... « J’ai fait un burn-out »

Christophe, éleveur laitier en Bretagne

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«Ce matin de mars 2015, comme tous les jours, j’ai commencé à pailler mes logettes. D’un coup, je me suis retrouvé complètement bloqué, dans l’impossibilité d’avancer, de soulever la fourche. Je me suis assis sur la paille. Je ne pouvais plus bouger. Mon corps me lâchait… J’étais vidé. Le diagnostic du médecin fut sans appel : épuisement professionnel… Un burn-out !

Signes avant-coureurs

Depuis des mois, je traînais une grande fatigue. Mes nuits étaient de plus en plus entrecoupées par mes ruminations nocturnes. Je ressassais en boucle les problèmes passés et ceux à venir. En pleine crise laitière, pour la première fois de ma carrière, je faisais face à des difficultés financières, avec une trésorerie tendue. J’avais négocié une ouverture de crédit. Quatre ans plus tôt, lors du départ à la retraite de mon associé, j’avais dû investir dans un robot et racheter du foncier.

Au fil du temps, le doute s’est installé. Les matins où je n’étais pas frais s’enchaînaient, et c’était de plus en plus le brouillard dans ma tête. J’avais du mal à me concentrer, à prendre du recul. Comme je n’avançais plus, je cumulais les heures pour essayer de boucler mes journées. Je n’acceptais pas cette baisse de régime, je culpabilisais. J’ai commencé à me renfermer. Impliqué professionnellement, dans la commune…, je zappais des réunions. Je m’isolais. Je n’ouvrais plus mon courrier. Pire, moi qui suis agriculteur par passion, je commençais à douter de l’intérêt de mon métier. Je consultais pour des problèmes de tension, des douleurs aux cervicales, de maux de ventre…, une série de petits bobos. Je somatisais.

J’ai mis finalement plus de six mois à relever la tête. C’est à partir du moment où j’ai accepté mon état, que j’ai commencé à aller mieux. Le retour du sommeil grâce aux médicaments a été primordial. Je n’ai pas arrêté de travailler. Aujourd’hui, je suis vigilant aux signaux d’alerte que m’envoie mon corps. Dès que je les sens, j’essaie de relâcher la pression. Je m’autorise à faire une sieste. Je prends plus facilement du temps pour moi. J’ai baissé mon niveau d’exigence vis-à-vis de moi-même. Peu à peu, j’ai retrouvé mes repères, renoué le contact, repris goût au travail et aux choses.

Propos recueillis par Isabelle Lejas

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