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Question à… Geneviève Beslier, assistante sociale au centre Gallouédec* (72) Relations parents âgés-enfants : quand les rôles s’inversent

Nous sentons que notre maman âgée de 85 ans vieillit. Les chutes deviennent récurrentes. La dernière s’est soldée par une fracture et une hospitalisation dans un service de soins de suite. Nous nous interrogeons sur l’avenir. Nous aimerions évoquer ce sujet avec elle, mais avons peur qu’elle le prenne mal. Comment faire ?

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Le préalable est sans doute d’accepter le vieillissement de ses parents. C’est un chemin, des deuils à faire peu à peu. Votre maman ne peut plus vous recevoir, n’a plus la force d’entretenir son jardin. Et maintenant, il y a cette chute. Le roc qu’elle représentait pour vous n’est plus inébranlable. Les rôles vont s’inverser. Vous, ses enfants allez devoir prendre les décisions. Le parent âgé doit aussi faire un travail d’acceptation. Cela lui est parfois difficile, car certaines personnes autoritaires s’adressent encore à leur fille ou à leur fils de 50 ans comme à un enfant avec des injonctions à faire telles ou telles choses.

Des questions vont se poser concernant l’avenir de votre maman et les avis des enfants peuvent diverger. En général, j’invite les frères et sœurs à se réunir en conseil de famille ou à correspondre par mail si la distance géographique est trop importante. J’ai rencontré dernièrement une fratrie dans laquelle les relations étaient très tendues, cette dernière solution a aussi très bien fonctionné. Il s’agit d’aborder les choses de manière simple pour être efficace. Un des enfants peut établir un questionnaire très fermé : Peut-on aménager le logement de maman pour prolonger son maintien à domicile ? Quelles aides à la personne mettre en place ? Faut-il souscrire à la téléassistance ? Faut-il envisager le portage des repas ? Faut-il préinscrire maman en maison de retraite ? Ensuite, démocratiquement, la majorité l’emporte.

En général, les échanges sont constructifs. Mais, ceux-ci peuvent inévitablement ranimer des souvenirs douloureux soigneusement enfouis, des rancœurs… Il faut donc réellement s’attacher au bien de la personne âgée ! Et si c’est trop difficile parce qu’on estime que le parent n’a pas été à la hauteur, qu’on exige réparation, il faudra peut-être se faire aider par un tiers compétent pour dépasser les blocages.

L’aide que propose la société ne doit jamais remplacer les solidarités familiales , amicales, de voisinage… tout en veillant à ne pas s’épuiser. Il est indispensable d’avancer sereinement, pas à pas. De plus, il n’est jamais trop tard pour se demander pardon et se donner de l’affection.

Propos recueillis par Catherine Yverneau

* Géré par l’Association d’hygiène sociale de la Sarthe.

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