Rencontre De Jules César au postier résistant
Depuis plus de quarante ans, André Belleil, éleveur à Trans-sur-Erdre (Loire-Atlantique), joue chaque année dans un son et lumière, où il a tenu le rôle-titre de Jules César. Aujourd’hui, il interprète un postier dans la Résistance.
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L’histoire du son et lumière de Trans-sur-Erdre (Loire-Atlantique) débute avec la restauration du pont gallo-romain du Theil, aujourd’hui décor naturel du spectacle. « La première fête a eu lieu en 1976, pour sa rénovation. Il était enfoui sous les broussailles », raconte André Belleil, éleveur laitier situé à 1 km du lieu. L’événement se mue en rendez-vous annuel et, à 16 ans, le jeune André l’intègre. « Nous jouions des noces à l’ancienne, avec danses traditionnelles, en costume. » Chaque année, il sera au rendez-vous, grandissant avec le spectacle, et passant d’un rôle à l’autre au gré des thèmes : Les Mousquetaires, Henri IV, François Ier, La Révolution… En 1991, sous Napoléon, il se fait cosaque.
Escrimeur et cascadeur
Des cours d’escrime sont alors dispensés par un maître d’armes. « J’ai dû apprendre à monter à cheval à trente ans », se souvient l’acteur. En un an, il maîtrise le fameux « à terre à cheval », cette cascade où le cavalier saute au sol au galop avant de remonter dans un même élan. « Quand je réentends certaines musiques du spectacle aujourd’hui, l’émotion me prend », confie André. En parallèle, l’hiver, l’agriculteur monte sur les planches avec la troupe d’une commune voisine. « Le théâtre et le son et lumière sont un peu différents, observe le comédien. Pour le second, il faut se caler sur la bande-son préalablement enregistrée et se déplacer beaucoup. »
En 1997, André est choisi pour interpréter Jules César. « J’avais près de quarante ans, un début de calvitie, cela collait », sourit l’intéressé. Le spectacle est grandiose, avec une course de quadriges, chars antiques à quatre chevaux, et des combats de gladiateurs. « En revanche, je mourais tous les soirs, dit en riant le Ligérien. Un de mes amis jouait Brutus. »
Après neuf représentations et 50 000 spectateurs, Jules César passe la main à Jésus. André, qui a pris des responsabilités nationales au Groupement de défense sanitaire (GDS), devient remplaçant. En 2015, il revient sur scène et endosse le costume d’un facteur résistant pour « Dans la nuit, Liberté ! ». « Au départ, on a le texte, puis les répétitions se succèdent, avec des galères. Mais quand je vois le résultat, je suis content de participer à cette aventure », ajoute André, qui jongle entre sa passion et sa vie professionnelle. Pour cet homme timide, le théâtre était un défi. « C’est l’occasion de rencontrer du monde. Il ne faut pas rester enfermé dans son milieu », pose l’éleveur.
Louise Cottineau
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