Il met le street art au vert
Félix Dessus organise pour la première fois La Graffeterie, un festival de street art. Il se tiendra fin septembre à Uzerche, en Corrèze.
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Une carcasse de voiture transformée en vaisseau spatial indique l’entrée du chemin qui mène à la maison de Félix Dessus. Là, des tables et des chaises fabriquées avec des palettes invitent à s’installer sous le vieux catalpa. « Je récupère tout ! », annonce Félix. Ce doux blond de trente ans, avec un trombone en guise de boucle d’oreille, se qualifie volontiers d’« excentrique ». Après un BTS aménagement paysager, il choisit, il y a cinq ans, de reprendre la ferme de son père. Il fait de l’engraissement à l’herbe de bovins bio sur 70 hectares de prairies. « Je considère que mon métier n’est pas ma passion », dit-il avec franchise. Mais le système économe de son exploitation lui permet de dégager du temps pour des activités artistiques comme le dessin ou l’aquarelle. Il y a quelques années, il s’est mis au pochoir, en s’entraînant d’abord sur les bâtiments de la ferme. « Pour moi, le street art doit être réalisé dans un endroit qu’il améliore et non qu’il dégrade », souligne-t-il.
Des tracteurs graffés
En 2016, Félix se met à imaginer un événement sur la grande façade de la cartonnerie désaffectée d’Uzerche, au sein de la papeterie devenue pôle culturel. Un voyage en Estonie en novembre de cette même année, durant lequel il rencontre un organisateur de festival de street art, relance le projet. En février dernier, il crée avec des amis l’association Les Femmes à barbe. « Nous avons choisi ce nom, car il correspond à notre désir d’apporter à la campagne une culture à la fois hors normes et populaire. » Il mène des recherches sur les réseaux sociaux et envoie une proposition de participation à une centaine d’artistes. Au final, ils seront quinze, âgés de vingt à quarante-cinq ans : des Estoniens, une Anglaise et des Français, dont plusieurs originaires du Limousin. Les uns sont graffeurs, les autres réalisent des fresques, des pochoirs ou des collages. Ils ont été choisis pour la diversité de leur technique, mais aussi de leur univers, surréaliste ou esprit « bande dessinée », par exemple. Assez vite, Félix envisage d’intégrer des machines agricoles de type tonne à eau, round baller, réservoir à grains, toujours en fonction, qui seront graffées. « J’ai envie de faire venir une culture urbaine à Uzerche, tout en la reliant à l’agriculture ! », dit-il avec enthousiasme.
Raphaëlle Saint-PierrePour accéder à l'ensembles nos offres :