Login

Ukraine Un futur accès au Moyen-Orient par la Jordanie

La Jordanie pourrait être la porte d’entrée de l’Ukraine pour pénétrer les marchés du bassin méditerranéen.

Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.

De par sa croissance démographique exponentielle, l’Afrique sera, en 2030, le continent le plus peuplé. De quoi aiguiser bien des appétits pour de nombreux pays en quête de clients. Qui dit bouches à nourrir, dit importation de matières premières comme le blé ou des protéines animales ou végétales. Si les Chinois ont beaucoup investi ce continent sur les infrastructures – routes, aéroports… – et les biens de consommation courants – téléphonie, informatique, voitures… –, d’autres pays, comme la Russie, les États-Unis, la Turquie, l’Ukraine, le Kazakhstan ou encore la France, s’y livrent une bataille rangée sur les matières premières ou transformées, notamment la farine ou le malt.

Une zone d’échange

Après l’Égypte, qui devient progressivement un « hub » pour le blé russe à destination du bassin méditerranéen et du Moyen-Orient, un autre pays, la Jordanie, a toutes les chances de devenir une sorte de plaque tournante pour répondre aux besoins alimentaires de ces deux régions. « Nous devons réfléchir à la création d’une zone de libre-échange entre l’Ukraine et la Jordanie, un régime sans visa qui offrirait des possibilités de libre circulation des citoyens et des marchandises. Cela favoriserait l’investissement mutuel et la mise en œuvre d’un certain nombre de projets conjoints », a déclaré Leonid Kozachenko, président de la Confédération agraire ukrainienne et du Conseil des entrepreneurs, lors du Forum économique Ukraine-Jordanie, qui s’est déroulé mi-mars 2021. Un enjeu avec des contreparties importantes. L’Ukraine est l’un des chefs de file mondial dans la production et l’exportation de produits agricoles, et exporte chaque année quelque 90 millions de tonnes de produits végétaux (blé, oléagineux). Une performance qui pourrait s’accroître rapidement de 30 %, quand on connaît son potentiel agronomique, notamment dû à la qualité de ses terres, les fameux tchernozioms, encore sous-exploitées.

Un rapprochement ancien

En face, la Jordanie est spécialisée dans le phosphate et les fruits exotiques, dont le pays est très demandeur. À cela s’ajoutent des projets conjoints sur le génie mécanique, l’énergie et le tourisme.

Le rapprochement ne date pas d’hier. Un premier accord a été signé en 2003, qui a permis aux deux partenaires de créer la confiance. Selon le Service des statistiques de l’État ukrainien, en 2019, le volume total des échanges de biens et de services entre les deux pays s’est élevé à près de 200 millions de dollars, en hausse de 8,3 % par rapport à 2018. Il s’agit aujourd’hui d’amplifier les échanges, de les pérenniser et de faire de la Jordanie un point d’ancrage pour l’exportation de matières premières agricoles ukrainiennes au Moyen-Orient, une région fortement en demande pour sa sécurité alimentaire et, par là même, politique. Cela pourrait changer bien des choses pour les concurrents sur le marché des céréales, si tout cela venait à se concrétiser.

Christophe Dequidt

A découvrir également

Voir la version complète
Gérer mon consentement