Agriculture chinoise L’enjeu de la modernisation
Le gouvernement ambitionne de rendre le secteur agricole plus compétitif, et d’améliorer le niveau de vie des agriculteurs.
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La Chine, qui représente plus de 20 % de la population mondiale, ne dispose que de 10 % des terres labourables et de 6 % des ressources en eau de la planète. La surface moyenne des exploitations du pays est de 0,5 hectare. L’expansion économique de la Chine et son urbanisation au cours des dernières décennies ont eu pour conséquence de réduire la superficie des terres arables de plus de 15 % entre 1991 et 2014. La question de la sécurité alimentaire de l’empire du Milieu est cruciale.
Xi Jinping, le Premier ministre au pouvoir depuis 2012, a donc bâti une stratégie redoutable à l’international pour approvisionner sa population (lire pages 14 à 16). Il a également repensé la politique interne de son pays. Le treizième plan agricole, applicable pour la période 2016-2020, fixe quatre grands axes : le recours aux marchés mondiaux, la fin programmée de la politique des prix garantis aux agriculteurs, la restructuration de l’agriculture et le renforcement des mesures respectueuses de l’environnement. Ce quatrième axe est une préoccupation des pouvoirs publics de plus en plus présente.
Développement durable
Le gaspillage de l’eau et la pollution des sols par les activités agricoles sont régulièrement pointés du doigt. Le ministère de l’Agriculture a lancé en 2015 le Plan pour le développement de l’agriculture durable pour la période 2015-2030. Celui-ci vise notamment à économiser les ressources naturelles du pays. Un plan d’action a également été lancé afin de réduire l’utilisation intensive d’engrais chimiques et de produits phytosanitaires. Alors qu’entre 2000 et 2013, l’utilisation de l’azote a augmenté de 3,9 % chaque année, l’ambition est que cette croissance soit nulle dès 2020 (1). La volonté du gouvernement est de privilégier de plus en plus la qualité et l’efficacité des systèmes de production. Le soutien des prix reste encore un important instrument de la politique agricole intérieure chinoise, mais qui tend à diminuer. Le but est de ne plus inciter les exploitants à choisir des cultures ayant un coût de production élevé, mais à être compétitifs.
En 2018, Xi Jinping a lancé la « stratégie de revitalisation » des zones rurales, afin d’éradiquer la pauvreté et de moderniser l’agriculture. L’amélioration du statut social de l’agriculteur est au cœur de cette stratégie. Si de grosses exploitations existent, elles sont rares. Le gouvernement souhaite encourager le développement de systèmes coopératifs et inciter les agriculteurs à se regrouper, pour créer des unités de productions plus importantes et à s’équiper de matériels plus performants.
La modernisation des structures agricoles du pays ne pourra cependant pas avoir lieu sans considérer la problématique liée à l’accès au foncier. Mis en place au début des années 1980, le droit de propriété est un droit collectif, partagé souvent par tout un village. Le droit d’exploiter le foncier appartient à un ménage qui, depuis 2008, est autorisé à donner en location les terres pour lesquelles il est le fermier. Le système est complexe et le Parlement chinois avait annoncé en 2017 son ambition de réviser le droit d’utilisation des terres agricoles. La réforme du droit de la propriété rurale ne semble pas, elle, être à l’ordre du jour.
Bertille Quantinet
(1) Rapport de l’OCDE sur l’innovation, la productivité et la durabilité de l’agriculture en Chine
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