Pologne Des pommes devenues incontournables

«Il y aura toujours de la place pour les pommes polonaises et leur jus sur le marché international », affirme Lech Dabrowski, arboriculteur et membre du parlement de Grójec, la principale région productrice, située à 30 km de Varsovie. Affirmation péremptoire mais partagée par une grande majorité des producteurs, qui continuent de planter le fruit (+ 61 % de production entre 2018 et 2019).

440 000 t de plus en un an

Les exportations de pommes fraîches pour 2018-2019 ont atteint 1,1 million de tonnes, soit environ 440 000 tonnes de plus qu’en 2017-2018. La production mondiale est dominée par la Chine, les États-Unis et la Pologne, qui profite de cette position favorable sur un marché en forte demande.

« De nouveaux marchés ont été prospectés avec succès », précise Mohamed Marawan, directeur général de Sarafruit, principale entreprise polonaise exportatrice de pommes. « Fin 2018, j’avais déclaré que les volumes d’exportation doubleraient, mais ils ont en réalité triplé en 2019 ! Nous avons constaté une augmentation de la demande de plusieurs pays européens et africains, notamment en termes de volume. L’Italie, l’Espagne, l’Égypte et la Libye font partie de ces acheteurs importants. »

Si la pomme polonaise arrive rarement en France, sauf en cas de mauvaise récolte nationale, elle s’est définitivement implantée en Égypte, en 2018, avec une multiplication par huit des tonnages, au détriment des pommes ukrainiennes. L’Inde est devenue elle aussi un atout majeur, avec les premiers containers envoyés en 2019. Les fruits non matures partent du port de Gdansk dans des cales réfrigérées, après un traitement à l’azote, pour un voyage de six semaines via le canal de Suez.

La Pologne a su rebondir depuis la mise en place, en 2004, de l’embargo russe, alors que le pays faisait la réussite du verger polonais au début du siècle : 30 % des 3 millions de tonnes produites à l’époque prenaient la destination de Moscou et sa région, pour seulement 500 000 tonnes consommées en Pologne. L’embargo a provoqué une crise importante, entraînant de nombreux dépôts de bilan.

La filière s’est alors structurée avec la création d’opérateurs spécialisés dans le marketing et le développement commercial international. Les Polonais ont mis quelques années à trouver des solutions pour se relever. Les pommes sont maintenant exportées vers des pays satellites de Moscou. Les commandes qui transitent par la Biélorussie, le Kazakhstan et la Serbie se sont multipliées. Les pommes n’y font qu’un arrêt logistique pour y être dédouanées et prennent ensuite la route pour la Russie. Une partie de la marge reste en route, mais qu’importe, cela a permis de vider les frigos du pays.

Christophe Dequidt