Betteraves Les néonicotinoïdes moins risqués que les pyréthrinoïdes pour les abeilles
À l’heure où l’interdiction des néonicotinoïdes pose un problème sur betteraves, l’Association toxicologie chimie (ATC) explique que leur niveau de risque est réduit vis-à-vis des abeilles sur des cultures n’allant pas à floraison.
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Selon André Picot, président d’ATC, Julien Narbonne, secrétaire général de la même association, et le professeur Jean-François Narbonne, tous trois toxicologues, les pesticides de la famille des pyréthrinoïdes utilisés en solution alternative aux néonicotinoïdes sont peu spécifiques et employés à des doses beaucoup plus importantes. La pulvérisation produit un « effet choc » qui tue les insectes présents au moment du traitement mais ne permet pas une persistance d’action. À l’inverse, les néonicotinoïdes sont systémiques, c’est-à-dire qu’ils sont dans la plante elle-même. Leur dispersion est limitée, comparée à celle des traitements plus classiques, et ils disposent d’une plus grande persistance d’action. La contamination des insectes se fait quand ces derniers interagissent avec la plante, soit au niveau du butinage de la fleur, soit par consommation des tissus de la plante. Le risque s’entend donc sur un plus long terme.
Rapport bénéfices/risques
Selon les trois toxicologues, malgré les nombreuses études engagées, il n’y a pas de réponse scientifique miracle à la question du risque pour les abeilles et pour la biodiversité. Il s’agit d’évaluer le rapport bénéfices/risques de chaque solution, pour estimer quels sont les meilleurs moyens de protection des cultures.
Selon l’ATC, sur les cultures qui ne vont pas jusqu’à la floraison, comme c’est le cas de la betterave, le niveau de risque des produits systémiques est réduit pour les abeilles, qui ne vont pas butiner les fleurs. Selon l’Anses, « un risque faible a été identifié à la suite de l’exposition des abeilles domestiques, des bourdons et des abeilles sauvages dans la culture, si les cultures sont récoltées avant floraison ». Le traitement à base de pyréthrinoïdes semble comporter un niveau de risque plus important que celui des néonicotinoïdes.
Cependant, l’Anses n’a pas le dernier mot concernant les autorisations ou les interdictions de produits. C’est aussi une décision politique, car les différents ministères concernés peuvent poser un véto sur une homologation ou influencer les orientations de l’Anses, comme c’est le cas avec les produits de biocontrôle, par exemple. Selon Julien Narbonne, les apiculteurs et les ONG ont mis la pression sur les décideurs européens pour que les néonicotinoïdes soient interdits. À la différence des scientifiques, ces derniers ne raisonnent pas en termes de bénéfices/risques. « Ils ne veulent pas comprendre le risque. Il n’y a pas de risque acceptable. »
Selon l’ATC, « le problème des abeilles est multifactoriel ». D’après les éléments scientifiques existants et les recherches menées depuis de nombreuses années, il est clair que leur santé et leur mortalité massive dépendent de nombreux paramètres (varroa, nosémose, frelon asiatique, conduite des ruches, pesticides, suppression des haies…).
Renaud d’Hardivilliers
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