Leçons de grève
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Les Français sont formidables et la grève de la SNCF est encore une occasion de le prouver. Bien sûr, d’abord, ils râlent. Mais comme, de toute façon, ils râlent aussi quand il n’y a pas de grève, cela ne change pas beaucoup. Ensuite, et c’est là qu’ils sont formidables, ils s’adaptent. D’accord, c’est un peu par habitude. Une grève à la SNCF ? Ah bon ? Encore une ? Mais c’est surtout parce que les Français ont une capacité d’adaptation inégalée dans le monde. C’est un trait culturel. Si les cafards et les drosophiles résistent à la guerre nucléaire, il n’y a pas de raison que les Français ne résistent pas à la grève des cheminots ! Et donc, on résiste. Et on s’adapte. Un train manque, on prend le suivant. Certes, ce n’est pas aux horaires les plus faciles, les trains sont bondés, mais on est dedans. Et puis surtout, la grève a stimulé ce qu’on appelle l’économie collaborative, l’économie du partage. Le covoiturage est le symbole de cette nouvelle façon de vivre.
Moi qui suis un « ancien », j’ai essayé de vivre comme au temps de l’auto-stop : le pouce en l’air sur le bord des routes. Et là, surprise : malgré ma bonne tête et mon air engageant (si, si !), j’ai attendu longtemps. « Un baromètre de la fraternité » a établi que les gens font de moins en moins confiance aux autres. Les jeunes hyperconnectés, abreuvés d’informations, biberonnés aux messages de solidarité, sont angoissés et sont les plus méfiants ! Cette méfiance généralisée concerne tous les milieux. Un article récent de La France agricole(FA 3745, p. 13) nous apprend que les agriculteurs se méfient de plus en plus les uns des autres.
Il y a une grande différence entre l’auto-stop et le covoiturage. L’un est gratuit et est une entraide, l’autre est payant. Tout se paye aujourd’hui. La solidarité certes, mais moyennant finances. L’économie du partage est aussi celle de la monétisation. L’argent s’est infiltré partout dans les relations sociales. Amis paysans, restez solidaires. Il n’y a plus que vous !
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