C’est son avis « Parier sur la montée en puissance de la Serbie »
Jean-Marc Thomas est directeur général de la Compagnie française de navigation sur le Danube (CFND), basée à Belgrade, filiale du groupe allemand Rhenus Logistics. Il voit en la Serbie un pays « riche » de nombreux atouts et plus fiable que ses voisins d’Europe centrale.
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Pas assez de Français
Tous les grands du négoce s’intéressent à la Serbie. Dans les hôtels, on croise de plus en plus d’Italiens, d’Arabes, de Chinois. En revanche, très peu de Français sont présents. Les opportunités de privatisation y sont pourtant nombreuses. Dans le domaine de la navigation fluviale notamment, alors que la puissance publique contrôlait les bateaux jusqu’en 2000-2005, il y a depuis une privatisation des actifs, permettant aux opérateurs privés de s’implanter. Comme l’a fait Rhenus.
Économie stabilisée
L’économie du pays est stabilisée. Après pas mal de soubresauts, elle croît légèrement, de 2 à 3 % par an. Le pays ne fait pas partie de l’Union européenne. Mais grâce à des accords douaniers, le commerce y est assez facile. Il y a eu également un énorme travail de moralisation du travail et des affaires. L’orientation politique est désormais assise. Il y est d’ailleurs plus facile d’avoir des contacts avec un élu ou un représentant haut placé de l‘État qu’en France.
Bon niveau d’études
Le niveau d’études est également élevé. Beaucoup de Serbes sont bilingues, et parlent l’anglais ou le russe. Ce qui facilite les embauches de personnel local, choix qu’a fait la CFND. Ils sont travailleurs, impliqués, et ont le respect de la hiérarchie. Parallèlement, ils prennent assez peu d’initiatives.
L’agriculture a un fort potentiel de développement. Autour de Belgrade et Novi Sad, le bassin céréalier est très prometteur. Les rendements actuels tournent autour de 40 à 50 q/ha. Ils seront multipliés par deux d’ici une dizaine d’années, quand les pratiques culturales vont gagner en technicité. Le facteur limitant est le climat, continental, avec des années qui peuvent être très sèches ou très arrosées, avec de gros soucis de mycotoxines. Le système coopératif y est bien structuré.
Investir dans l’agriculture
L’agriculture est donc un secteur intéressant pour des investisseurs. Les intérêts asiatiques, moyen-orientaux s’y font d’ailleurs pressants. Même s’il est parfois difficile de reconstituer l’origine de la propriété terrienne, avec des bradages à vil prix par des « intervenants » peu scrupuleux.
Transport fluvial à améliorer
La culture du transport fluvial est séculaire sur le Danube. Alors que le bassin rhénan est mature et qu’il est compliqué d’y gagner des parts de marché, le Danube inférieur offre des possibilités de redéveloppement. Ce fleuve pâtit toutefois de plusieurs points faibles. Son hydraulicité est très variable, il y a des écluses mais pas de systèmes de barrage. Il est donc très soumis aux aléas climatiques. L’état de la cale s’est nettement amélioré en nombre et en qualité. Les bateaux sont désormais adaptés pour transporter des céréales, ce qui n’était pas toujours le cas auparavant. Autre point faible, les temps de chargements et déchargements dans les ports fluviaux de Serbie ne sont pas actuellement aux standards européens, encore trop long pour les opérateurs privés.
Dominique PéronnePour accéder à l'ensembles nos offres :