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Haute-Garonne Berceau français de la chia

Pilotée depuis la région toulousaine, une filière de production de chia se développe en France.

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«Graine des dieux » est le nom donné à la chia (prononcez tchia) par les civilisations précolombiennes, qui avaient déjà reconnu le grand intérêt nutritionnel de cet aliment exceptionnel. Pourtant, il y a cinq cents ans, lorsque les catholiques espagnols colonisent l’Amérique latine, ils l’interdisent, car elle rappelle une religion qu’ils veulent éliminer.

« Quand cette plante tropicale a été redécouverte par des botanistes à la fin des années 1990, elle nous a beaucoup intéressés, raconte Frédéric Poujaud, PDG de Panam, société semencière implantée à Villemur-sur-Tarn (Haute-Garonne). Par sélection naturelle, nous avons mis sept ans à l’adapter à la culture sous nos latitudes et à créer notre première variété, ‘Oruro’. En 2017, l’Union européenne ayant accordé une autorisation de mise en marché, nous avons lancé notre production à grande échelle. »

1 000 hectares en 2021

Bonne pour la santé, car elle contient 33 % d’huile, dont 64 % d’acides gras oméga-3, la chia est commercialisée comme un alicament (aliment médicament). « Notre objectif est de créer une filière française sous contrat, à forte valeur ajoutée pour les agriculteurs, poursuit Frédéric Poujaud. Nous travaillons avec une dizaine de coopératives et entreprises qui collectent et trient les graines de deux cents producteurs, à qui la semence est fournie gratuitement. En 2021, 1 000 ha seront semés, dont 95 % en bio. »

Pour Jacques Capdegel, agriculteur bio à Créon-d’Armagnac (Landes), cette nouvelle culture a l’avantage de ne pas avoir de bio-agresseur. « J’en cultive 10 ha depuis deux ans. La chia se sème au printemps, après les gelées. Elle est fragile à récolter, car les graines craignent l’humidité. Mais elle fleurit un bon mois et attire une faune très intéressante d’insectes et d’oiseaux. La production, de 500 à 1 200 kg/ha, m’est payée 4 000 €/t. »

Pour bâtir une filière française, Frédéric Poujaud a créé la SAS Agrofün, qui a investi 1 million d’euros dans un outil de triage unique en Europe. Les graines sont ensuite vendues en sachets, en pots ou transformées en huile.

Florence Jacquemoud

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