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C’est son avis « Les communes doivent être obligées de lutter contre l’ambroisie »

Philippe de Goustine est en colère. Le président de l’association Stop ambroisie se bat contre le développement de cette plante invasive et allergène. Il demandeà l’État de s’engager, enfin, dans ce combat.

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Personne pour combattre

Aujourd’hui, personne n’est réellement en charge de la lutte contre l’ambroisie, plante invasive et allergène. Pour preuve, la parution en mai 2017 du décret d’application de la loi santé où il est inscrit que « les maires des communes concernées peuvent participer » à la bataille. Ce texte n’oblige à rien. Tout comme le troisième plan régional santé environnement Rhône-Alpes 2017-2021, qui ne fait qu’« inciter » à lutter contre l’ambroisie.

Le combat concret doit avoir lieu dans les communes, qui connaissent leur territoire et leur population. L’État doit les obliger , elles et les intercommunalités à éradiquer cette plante qui pénalise les rendements des cultures de printemps, et fait souffrir de plus en plus de personnes, notamment au pic de pollinisation de début août à fin septembre. Seul l’État a la capacité d’organiser et de coordonner la lutte sur tout le territoire et sur le long terme. Mais il n’en a pas la volonté.

Depuis 2000, les préfets ont la possibilité de signer des arrêtés qui obligent tout exploitant à détruire l’ambroisie. En Rhône-Alpes, tous les préfets se sont engagés. Un procès-verbal avec une amende de 450 € peut être notifié par le maire si un agriculteur ne joue pas le jeu par exemple. Mais sur le terrain, personne ne veut sanctionner ses concitoyens, nous vivons tous ensemble, cela créerait des tensions. C’est à l’État de donner le PV, pour éviter ces questions de proximité.

L’État a les outils

Depuis 2010, les communes sont incitées à nommer un référent ambroisie pour traquer cette plante invasive. La nomination de ces référents est effective dans la majorité des communes de la Drôme, mais ils sont très peu actifs. Il y a près de 2 900 communes en Rhône-Alpes avec des maires aux perceptions différentes vis-à-vis de l’ambroisie, qui se renouvellent tous les six ans. L’État est le seul à posséder les outils pour une lutte efficace en imposant ce combat aux communes.

Je suis conseiller municipal à Génissieux, dans la Drôme, et référent ambroisie depuis 2008. Chaque année, je fais le tour de ma commune, et quand je vois une parcelle infestée d’ambroisie, j’échange avec l’agriculteur et je lui demande de les détruire. Généralement, cela se passe très bien. Si je ne vois pas d’évolution, j’envoie un courrier avec la signature du maire et cela fonctionne. Nous sommes dans l’humain. Mais cela ne se passe comme ça que sur très peu de communes, alors que l’ambroisie se développe partout !

Nuisible pour l’agriculture

Depuis 1980, l’ambroisie est déclarée comme nuisible à la santé humaine, cependant il faut aller plus loin. Elle doit aussi être inscrite comme nuisible à l’agriculture, comme le chardon, pour obliger l’agriculteur à l’éliminer. Car c’est lui et ses voisins qui subissent le préjudice. Ainsi, 15 à 20 % du pollen viennent de l’espace public (abords de terrains de foot, bords de route, lotissements, cimetières…) et 80 à 85 % viennent du privé, dont 75 % des surfaces agricoles.

La pollution aérobiologique (par les pollens) devrait être reconnue au même niveau que la pollution chimique, avec une réglementation plus stricte. En 2017, l’Observatoire régional de la santé notait que 660 000 personnes souffraient du pollen d’ambroisie en Auvergne-Rhône-Alpes (1,2 m sur la France), avec des coûts de santé de 40 M€. Le nombre de malades a été multiplié par deux en dix ans, preuve du désintérêt persistant de l’État.

Propos recueillis par Florence Mélix

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