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Le billet Bruits des villes et bruits des champs

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L’autre jour, je rentre chez moi par la gare de Paris-Saint-Lazare. Il y a du nouveau. Pour accéder aux voitures, il faut désormais passer par des portiques électroniques. On passe son billet sous un lecteur laser, qui lit le code-barres et fait blop ! quand les tickets sont dans le bon sens. Quand il n’a pas pu les lire, il fait beuh ! Un beuh grave et sonore pour faire honte au voyageur.

On préférerait que les trains arrivent à l’heure et que les gilets rouges servent à quelque chose mais bon, c’est comme ça. Chaque société a ses sons. De même qu’il y a les rats des villes et les rats des champs, il y a les bruits des cités et les bruits des campagnes. Le citadin est environné par les sonneries de téléphone, les vibreurs, le démarrage des ordinateurs, les bling ! des ascenseurs, les sons métalliques des chantiers, les sirènes des secours, les vrombissements des motos, ou encore les klaxons sautillants des autobus…

Dans les restaurants d’autoroute, on s’installe à table non plus avec un plat mais avec une sonnette. Quand le plat est prêt, le cuisinier actionne la sonnerie et le client rapplique. Il paraît que cela évite les files d’attente pendant les cuissons. En 1968, Serge Gainsbourg faisait chanter Brigitte Bardot dans la chanson « Comic Strip », où la belle s’exclamait à chaque refrain : Shebam ! Pow ! Blop ! Wizz !… On y est.

Alors on se prend à regretter le temps où l’on entendait une autre musique. L’abeille bourdonne, l’alouette grisolle, la caille cacabe, la chauve-souris grince, la cigale craquette, l‘étourneau jase, la fauvette zinzinule, la grive babille, le grillon grésille, la sauterelle stridule… L’éloge de la biodiversité, ce n’est pas seulement les petites bêtes mais tous ces bruits qui ont disparu pour être remplacés par des blop ! et des beuh !… Après la victoire des Bleus au Mondial, un curé a fait sonner les cloches du village. Personne n’a compris ce qui se passait. « Chante, rossignol chante, toi qui as le cœur gai. Tu as le cœur à rire… »

par Nicolas-Jean Bréhon

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