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Traite contrôlée Un contrôle des performances laitières fait maison

Pierre-Yves Tanne, installé à Bodilis, dans le Finistère, réalise le contrôle des performances de ses 80 vaches laitières lui-même. Il loue le matériel nécessaire à la pesée et à l’échantillonnage du lait.

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En 2005, le protocole B du contrôle laitier, offrant aux éleveurs de se mettre dans la peau d’un agent de pesée, fait son apparition en France. Jean-Yvon et Alice Tanne, alors associés à Bodilis, dans le Finistère, ont pris la balle au bond pour « réduire les coûts » et « gagner en autonomie ». En 2007, leur fils Pierre-Yves s’installe et suit le mouvement. « Sans intervenant extérieur au moment de la traite, les vaches laitières restent calmes », apprécie l’éleveur. Qui plus est, « cela permet de garder la main sur l’horaire de traite ».

Un travail minutieux

Lorsqu’il se retrouve seul à la manœuvre en 2013, ce fonctionnement n’est pas remis en cause. Bien qu’à la retraite, Jean-Yvon et Alice ne sont jamais très loin. « Mon père s’occupe du contrôle pendant que je trais et ma mère vient en renfort sur le nettoyage du matériel, explique Pierre-Yves. Sans ce soutien, ou celui d’un salarié, on doublerait le temps de traite. Je serais probablement contraint d’arrêter. » Une semaine avant le contrôle, Nelly Boulch, agent de pesée tous protocoles chez Innoval (1), contacte Pierre-Yves pour caler la date de livraison du matériel : 12 ou 13 compteurs à lait, une centaine d’échantillons et une louche doseuse. S’il est possible d’acquérir ces outils, au lieu de les louer, « cela représente un investissement initial important et les compteurs doivent être contrôlés et homologués tous les ans », précise Nelly Boulch.

En moins d’un quart d’heure, le gérant de l’exploitation installe les compteurs sur les 12 postes de la salle de traite en épi. Vient ensuite la première traite contrôlée, celle du soir. Jean-Yvon se munit de la liste de pesée, déposée par Nelly Boulch ou imprimée sur place, et commence la saisie manuelle. « Depuis 2019, les vaches sont tatouées sur l’arrière-train pour faciliter leur identification », note-t-il.

La graduation sur le tube de mesure du compteur donne la pesée. Le lait contenu dans le tube est ensuite versé dans un pichet, pour homogénéiser ses composants. Enfin, la louche permet de prélever la juste quantité pour remplir la moitié de l’échantillon, assigné à la vache. Et rebelote le lendemain matin. Les échantillons sont désormais prêts et la pesée de 24 heures est déduite des deux mesures volumétriques. Seules les vaches taries et les fraîches vêlées échappent à cette routine.

 

La liste de pesée rappelle la correspondance entre une vache, sa production de lait et le numéro de l’échantillon envoyé au laboratoire. © A. Courty

Dans les heures qui suivent, Nelly Boulch vient récupérer les compteurs nettoyés, la liste de pesée complétée et les échantillons soigneusement numérotés. L’agent se charge ensuite de la saisie informatique des pesées, des événements tels que les réformes ou les tarissements et de l’envoi des échantillons au laboratoire. Quelques jours plus tard, l’exploitant a accès à l’ensemble des résultats sur internet : pesées, TB, TP et cellules.

 

Tous les mois ou presque, des compteurs à lait et une louche doseuse sont confiés à Pierre-Yves. © A. Courty

Ce ballet se répète dix fois par an dans l’élevage finistérien. « C’est nécessaire pour avoir un suivi régulier des vaches, et réagir au plus vite en cas d’anomalies », souligne l’agriculteur. En plus de guider la conduite, les données obtenues servent à l’évaluation génétique du troupeau. Leur fiabilité est capitale. Formation initiale et visites de surveillance sont de mise. « Il m’est déjà arrivé, une seule fois, d’avoir un gros écart entre le taux butyreux (TB) moyen obtenu avec le contrôle laitier et le TB du tank analysé par la laiterie », se souvient Pierre-Yves. Ce mystère n’a jamais été résolu, mais Nelly Boulch a une hypothèse : « Si l’échantillon est trop rempli, la matière grasse remonte et se colle au capuchon. Cela fausse les résultats. »

Si le coût d’un contrôle des performances maison paraît avantageux, « il ne faut pas sous-estimer la rigueur et le temps requis au bon déroulement des opérations », conclut l’éleveur.

Alexandra Courty

(1) Coopérative issue du tout récent regroupement entre BCEL Ouest, Évolution, Copavenir et GDS Bretagne.

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