En coulisses à BruxellesPar Luc Vernet En coulisses à BruxellesPar Luc Vernet
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Alors que toutes les discussions d’avenir du projet européen étaient suspendues au résultat des élections allemandes du 24 septembre, et à la couleur de la coalition politique qui en résulterait outre-Rhin, les experts du budget communautaire ont déjà entamé de premiers échanges informels avec chacune des capitales. Objectif : sonder les marges de manœuvres des uns et des autres sur les futures orientations du budget pour la période 2021-2027, et la part relative à accorder à chacun des postes.
Bien entendu, la perspective du Brexit et de la perte d’un contributeur important au budget communautaire – plus de 10 % – place la recherche d’économies au premier rang des préoccupations des « budgétaires ».
Pour autant, beaucoup espèrent que Paris et Berlin enverront rapidement un signal de relance du projet européen, qui passerait par une augmentation de leur contribution au budget commun – mettant fin à la « politique du 1 % », appliquée avec la plus grande rigueur, règle selon laquelle les États membres refusent que le budget communautaire représente plus de 1 % de la richesse produite au sein de l’UE. C’est-à-dire 150 milliards d’euros environ. Ceci donnerait de l’air en vue des prochaines perspectives financières.
Et la Pac dans tout cela ? Certes, elle ne représente plus l’essentiel des fonds européens comme par le passé. Cependant, seule politique véritablement intégrée, elle absorbe encore un peu plus d’un tiers du budget. Elle suscite ainsi toujours les convoitises de ceux qui ont des projets, qu’ils soient pro ou anti-européens, d’ailleurs !
Chaque jour apporte son lot de rumeurs quant aux idées pour réduire, au moins visuellement, le budget de la Pac : renationaliser, comme le défendent Marine Le Pen et les mouvements eurosceptiques à travers l’Europe, cofinancer les aides directes, transférer les paiements verts (30 % du premier pilier) vers les fonds de développement rural, ou encore basculer une partie de ces fonds du développement rural vers la politique de cohésion. Autant d’idées déconnectées de toute ambition ou véritable projet pour l’agriculture et ses filières agroalimentaires, mais qui font l’objet de savantes simulations financières, sans véritable réflexion de fond.
La plupart des idées évoquées dans les couloirs européens n’auraient, au moins dans l’immédiat, aucun impact sur la dépense communautaire globale, les fonds étant transférés ailleurs – vers d’autres postes budgétaires au plan européen, ou vers les États membres ou les Régions. À ce stade, les petits arrangements entre grands contributeurs sont recherchés – des « deals », qui jettent une lumière crue sur une réalité : les Britanniques n’étaient peut-être pas les plus farouches ennemis de la Pac. Que Londres joue un rôle ou pas dans le cercle des négociations, les anti-Pac sont toujours là, y compris dans les couloirs du pouvoir de certains États jusqu’alors réputés pro-Pac.
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