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Par Pierre Julienne (Orne) Par Pierre Julienne (Orne)

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Croyez-vous qu’on utilise des phytos ou des médicaments pour le plaisir de dépenser de l’argent ?

Lorsque vous êtes malade, que vous avez un petit bobo, vous ouvrez votre boîte à pharmacie pour prendre un paracétamol ou une pommade quelconque. Si le mal est plus important, vous allez consulter votre médecin qui, dans la plupart des cas, vous prescrira la prise de quelques médicaments pour vous soigner.

Lorsque vous êtes agriculteur ou éleveur, vous surveillez vos cultures ainsi que vos animaux, et si ceux-ci sont malades, vous les soignez en utilisant des « médicaments » adaptés à chaque cas. Bien sûr, votre revenu en dépend mais pas uniquement. Vous avez le devoir de les soigner pour présenter au futur consommateur des produits sains, exempts de maladies qui pourraient être dangereuses pour lui. Sinon, il ne vous les achètera pas.

Les maladies du blé, dites « cryptogamiques » (champignons), produisent des mycotoxines pouvant être mortelles pour l’homme, comme l’ergot du seigle. Il s’agit de toxines, certes naturelles, mais de toxines quand même !

Pareillement pour les animaux avec la douve du foie, par exemple, qui peut être infectée par une larve vivant dans les endroits humides, et qui vient plus ou moins détruire le foie si on ne traite pas les animaux, ou si l’on ne draine les pâtures dans lesquelles ils sont élevés. Heureusement, il existe des contrôles rigoureux dans les abattoirs pour ces morceaux, qui sont saisis s’ils sont infestés.

Comme en médecine humaine, tous les produits utilisés en agriculture ont fait l’objet d’études et de tests très stricts avant leur autorisation de mise sur le marché. Plusieurs années sont nécessaires à leur obtention. Alors, si on soigne nos plantes et nos animaux, c’est par devoir de produire des aliments sains et pas simplement pour le plaisir de travailler ni de dépenser notre argent.

Le consommateur a le choix aujourd’hui de manger des produits sains, parfois traités, mais en toute sécurité, ou des produits bio potentiellement malades mais non dangereux (des vers dans les choux, par exemple). Laissons-lui ce choix.

La chimie n’est pas synonyme de nocif, pas plus que le naturel l’est de garantie de meilleure santé. Le sel est, par exemple, mortel pour l’homme s’il est absorbé en grande quantité brutalement. L’acide acétique, le vinaigre blanc, est utilisé communément dans l’alimentation, et considéré, à juste titre, non dangereux alors que c’est un produit chimique.

Tous les produits naturels ou non que nous consommons sont potentiellement dangereux. Tout est une question de dose et de raison. Autrement, nous n’aurions pas gagné trois années d’espérance de vie pour les femmes, et cinq années pour les hommes sur les deux dernières décennies.

La nation tout entière devrait dire merci à ses agriculteurs pour avoir largement contribué à cette performance, en plus de celle d’avoir fait baisser énormément le budget de l’alimentation, et de leur permettre ainsi de s’offrir, après la guerre, dans les années soixante, la possibilité de prendre des vraies vacances.

La France devrait offrir à ses paysans, « ceux qui entretiennent le pays », en reconnaissance de leur mission accomplie, une statue sur les pelouses du Champ-de-Mars : un laboureur et son cheval !

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