Le billetMarie-Gabrielle Miossec Le billetMarie-Gabrielle Miossec

La Journée internationale des femmes (1) n’est pas un gadget mais un point d’orgue à l’heure où la parole des femmes violentées rencontre enfin un écho ! Le respect de l’autre n’empêche ni la drague, ni l’amour au long cours, à la campagne comme à la ville. N’est-ce pas faire injure aux hommes eux-mêmes d’imaginer qu’une main aux fesses, voire pire, serait la seule façon de déclarer sa flamme ?

De leur côté, depuis les années 1980, les agricultrices françaises ont bataillé sec pour aller vers l’égalité juridique. Et ont pratiquement atteint ce but dans le code rural ! Leur dernière grande victoire : la possibilité de créer un Gaec entre époux, qui a eu un succès foudroyant. Mais si la loi est nécessaire, elle ne fait pas tout ! L’attention portée par chacun à respecter cette égalité, compte tout autant. Quand arrêtera-t-on d’optimiser les cotisations sociales sur le dos de certaines agricultrices ? Il y a aussi la répartition des tâches, plus polyvalentes, plus flexibles chez les femmes ; un moindre accès à la formation ; des engagements extérieurs moins aisés. Aujourd’hui, les filles qui s’installent (un tiers des dossiers) sont volontaires, formées, volontiers créatives. Mais éprouvent toujours une plus grande difficulté à accéder au capital (2) : leurs frères passent souvent avant lors des transmissions ; leurs fermes sont plus petites (40 %) ; elles accèdent moins facilement aux financements.

Enfin un clin d’œil à la publicité : oui aux agricultrices pleines de vie qui vantent leur fromage tout en rondeur dans la publicité du saint-nectaire ! En revanche, la campagne « branchée » et « macho » autour des « filles à côtelettes », lancée au Salon de l’agriculture, date de l’ancien monde ! Ces belles aiment sûrement la viande. Mais demande-t-on au célèbre boucher Hugo Desnoyer des poses caressantes pour relancer la consommation ? On dira que je vois le mal partout. Mais les clichés ont la vie dure.

(1) Instituée en 1977 par les Nations unies.

(2) Intervention au Sénat de Sabrina Dahache, docteure en sociologie, le 22 février 2017.