Italie Le blé dur en plein essor grâce à Italie Le blé dur en plein essor grâce à l’étiquetage des pâtes
L’industrie agroalimentaire s’adapte aux nouvelles règles de provenance des matières premières.
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En février dernier, en Italie, est entré en vigueur un décret qui oblige à indiquer le pays de culture du blé et le pays de meunerie sur les confections de pâtes. Ce texte a deux objectifs : lutter contre les produits à consonance italienne, mais qui n’ont d’italien que le nom et le visuel – dénonciation de l’Italian souding–, et relancer la culture de blé dur de la péninsule, en particulier des zones marginales du centre et du sud.
Boom des marques
Avec un paquet de pâtes sur trois fabriqué avec de la matière première étrangère, la culture de cette céréale était devenue peu compétitive pour les fabricants, qui se fournissaient sur les marchés internationaux. Sur les 2 millions d’hectares potentiellement cultivables, il n’en reste plus que 1,35 Mha de semé (soit 4 Mt de blé).
Les fabricants avaient lancé une procédure devant le tribunal administratif pour retarder l’entrée en vigueur de ce décret. Déboutés, ils s’adaptent finalement. Il y a cinq ans, une seule marque nationale proposait des pâtes 100 % italiennes. Début 2018, elles sont une soixantaine.
Accord de filière bio
En décembre dernier, un accord de filière de principe a été conclu entre deux syndicats, l’Association des industriels de la meunerie et l’Alliance des coopératives agroalimentaires, visant à augmenter les surfaces, la qualité des grains et le stockage du blé. Mais rien de concret, jusqu’à ce que le plus grand acheteur national, Casillo, signe un accord de filière avec un consortium de coopératives et le principal syndicat agricole. Casillo s’engage à acheter, sur trois ans, 3 millions de quintaux de blé dur bio et autant de tendre. Le prix couvre au minimum les coûts de production. Afin de faciliter la rotation, l’acheteur s’engage également à collecter les autres céréales certifiées bio intégrées à la rotation du blé. Ainsi, 200 000 hectares par an devraient retrouver cette culture dans le centre et sud de la péninsule. Le bio étant en fort développement en Italie et à l’étranger, Casillo fait d’une pierre deux coups : bio et italien devient le plus important accord de filière bio du monde.
Barilla n’est pas allé aussi loin, tout en répondant à la pression de l’opinion publique, qui lui reprochait de se fournir en blé dur canadien, traité au glyphosate avant récolte, ce qui est interdit en Italie. En janvier, la multinationale annonçait investir 240 M€ dans des projets impliquant 5 000 fermes, pour augmenter de 65 000 ha sa surface en blé, en trois ans.
Au total, ces quelque 665 000 ha supplémentaires couvriraient en théorie ce que l’Italie importe du Canada, le concurrent pointé du doigt. Toutefois, cette hausse de production ne satisfera que le marché national. L’obligation d’étiquetage n’étant pas exigée ailleurs, les exportations italiennes de pâtes ne devraient pas s’améliorer. En effet, les multinationales des pâtes ont multiplié leurs unités de fabrication aux États-Unis, Mexique, France, Russie, Grèce et Turquie, proches de leur approvisionnement en matières premières.
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