Corse Collectivité uniqueLes attentes du monde agricole
Pour relancer l’agriculture, les élus devront relever de nombreux défis, dont le foncier, la formation ou la veille sanitaire.
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Depuis le 1er janvier, la Corse possède une collectivité territoriale unique, résultat de la fusion des deux conseils départementaux et de la Région. Les nationalistes, qui ont obtenu 41 des 63 sièges de la nouvelle assemblée, géreront un budget de plus de 1 milliard d’euros, une dette cumulée de 788 M€ et près de cinq mille agents.
Le monde agricole devra compter sur son nouveau conseiller exécutif, Lionel Mortini, maire de Belgodère (550 habitants), président de la communauté de communes de l’Île-Rousse-Balagne et éleveur ovin. Ce dernier prend la présidence de l’Office du développement agricole et rural de la Corse (Odarc).
La première épine dans le pied des agriculteurs de l’île reste celle du foncier. « Il est temps de débloquer son accès au profit des jeunes agriculteurs, explique Dumè Pantaloni, bergère de 24 ans installée à Tavera. La difficulté à conclure des baux est un fléau ! » Il s’agit d’une des priorités de Lionel Mortini, qui souhaite récupérer bon nombre d’hectares afin de proposer « des exploitations clefs en main » aux jeunes corses qui peinent à se lancer dans l’agriculture. « Le niveau de formation agricole est également plus bas qu’ailleurs. Il faut le renforcer », indique l’éleveur ovin Paul-André Fluixa, formateur et secrétaire régional du syndicat Via Campagnola, la Confédération paysanne corse.
Si l’installation et la formation continue suscitent de l’intérêt, c’est bien une réflexion globale sur l’agriculture corse qui demande à être menée. « Il va falloir définir un cap et changer l’agriculture corse, peu importe le temps que cela prendra », insiste le syndicaliste de Via Campagnola. Du temps, Lionel Mortini en a peu, puisque le premier mandat de la collectivité unique ne durera que trois ans et demi, afin de se caler sur le calendrier électoral national.
Lutter contre la divagation animale
« Je ne pense pas que la période de rodage puisse pénaliser le dossier agricole », insiste l’élu, qui compte « renforcer le rôle de l’Odarc pour davantage travailler sur la qualité et la traçabilité des produits corses ». Autre priorité du nouveau conseiller exécutif : la lutte contre la divagation animale sur les routes de Corse. Il désire également mettre au point une « vraie politique sanitaire végétale ou animale ». Des vœux que les agriculteurs ne souhaiteraient pas devenir pieux tant la menace de la Xylella fastidiosa ou de la fièvre catarrhale reste forte sur l’île.
« L’Odarc ne doit pas non plus oublier son volet rural afin que les familles puissent rester dans les villages », conclut Lionel Mortini. Il défend les services de proximité, l’accès au numérique et à la santé. Un défi de plus dans une île où 43 % de la population réside à Bastia ou Ajaccio.
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