Centre Jaunisse : 100 % des betteraves touchées
Au sud du Bassin parisien, la récolte des betteraves est catastrophique, avec 40 à 50 % de perte de rendement.
Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.
Alors que la campagne d’arrachage a tout juste commencé, les premiers chiffres tombent. « J’espérais atteindre 65 t/ha, mais le rendement moyen est de 50 t/ha, la moitié d’une année normale. Je n’imaginais pas une situation aussi terrible », explique Guillaume Perdereau.
Ce « planteur historique » cultive 104 ha de betteraves, un quart de la sole qu’il exploite avec deux associés, à Rouvray-Sainte-Croix (Loiret). En quarante ans de carrière, il n’a jamais vu une telle infestation de pucerons. « Toutes nos betteraves ont été touchées. Nous avions quatre virus ! C’est un énorme gaspillage alimentaire. » Précurseur de la démarche HVE en Beauce, il s’est limité à deux traitements insecticides et regrette les néonicotinoïdes. Il perd 1 250 €/ha : « Ce sera une année en négatif comme en 2016. » Malgré un prêt bancaire il y a quatre ans, la ferme reste dans le rouge. « J’y crois encore, dit-il avec optimisme, mais il faut nous retirer les chaussures de plomb. »
La région Centre-Val de Loire est la plus touchée par cette crise de la jaunisse. 100 % des betteraves des 31 000 ha de production ont été attaqués. La CGB estime une perte de rendement entre 40 et 50 %. Autrement dit, 160 000 t d’équivalent sucre en moins pour la région, soit une perte du chiffre d’affaires d’environ 60 M€, dont la moitié chez les planteurs.
L’impact est considérable également sur les outils industriels. Avec 1 Mt de betteraves en moins, le temps de campagne des trois sucreries au sud de Paris (Artenay, Pithiviers et Corbeilles), qui aurait dû être de 110 et 120 jours, va chuter de 70 à 75 jours. « Après la cercosporiose en 2018, la chute des prix en 2019, aujourd’hui la jaunisse, les planteurs doutent. Pourtant, la betterave a toute sa place sur nos exploitations », souligne Olivier Legrand, agriculteur à Sougy (Loiret) et représentant des agriculteurs à la sucrerie d’Artenay.
Sucre : 160 000 t en moins
En échange de la dérogation pour l’utilisation des néonicotinoïdes qui a été votée (lire page 20), la filière cherche des alternatives. Mais cela prendra sûrement plus que les trois ans pressentis. « Il nous faudra au minimum cinq ans pour mettre au point une nouvelle variété en repartant d’anciennes, tolérantes à la jaunisse », souligne Laurent Boisroux, directeur de l’agronomie chez Deleplanque, semencier français, qui lance le programme de recherche Modefy, avec l’Inrae et l’ITB.
A. Richard
Pour accéder à l'ensembles nos offres :