Lorraine « D’abord, être à l’écoute »
Afin de mieux faire connaître son rôle aux côtéx des agriculteurs en difficulté, Solidarité paysans Lorraine a recueilli des témoignages de bénévoles.
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Faire s’exprimer des agriculteurs en situation difficile n’est pas aisé. Voir son nom écrit en face de mots comme « impayés », « huissiers », « dépression » reste stigmatisant, et c’est sans parler de la réticence à s’exposer. Pour contourner cet écueil, l’association Solidarité paysans Lorraine (1) a fait intervenir ses accompagnateurs bénévoles. Des témoignages riches d’enseignements sur les origines des problèmes, leurs répercussions sur la conduite de l’exploitation, mais aussi la santé mentale de l’aidé.
« De la souffrance, il y en avait beaucoup chez Frédéric, explique ainsi Louis Simon, un des bénévoles. Il a appelé l’association après avoir reçu une lettre d’huissier pour retard de paiement à la MSA. Son monde s’était écroulé. Je lui ai fait comprendre qu’une lettre ne pouvait pas atteindre sa dignité. Il s’est rassuré peu à peu. Et nous avons réfléchi aux possibilités de régler cette dette. » Retraité, Louis défend les valeurs de l’association : solidarité, fraternité, volonté de combattre l’exclusion des plus faibles. « Être bénévole, c’est être à l’écoute, poursuit-il. Il faut établir un climat de confiance, pour permettre à la personne de se reconstruire. »
Moins de pression
C’est aussi être solide dans sa tête, ne pas être dans le jugement, mais dans l’empathie. « Ludovic avait une grosse dette auprès d’un fournisseur, explique Vincent Etienne, un autre bénévole. J’ai cherché à le rendre acteur de sa remise sur les rails. Nous avons organisé une rencontre avec le débiteur pour trouver un accord. Il est important de rétablir le dialogue, c’est toujours positif. J’ai senti sa vulnérabilité : il se laisse influencer par les vendeurs qui lui proposent des produits inadaptés, voire inutiles. J’ai parfois été choqué par ses propos sur les fournisseurs. Il a même été agressif verbalement envers moi. Écouter ne signifie pas approuver. Mais en restant bienveillant, on permet à l’autre de s’exprimer. »
Cette attitude positive favorise le déclic pour chercher des solutions. Elle enlève de la pression. Plus largement, les bénévoles notent que les aidés sont paniqués face à leurs difficultés. Ils perdent alors leur capacité à comprendre et sont privés de leurs ressources pour réagir. Il faut du temps pour éviter des réactions sous le coup de l’émotion.
Dominique Péronne
(1) Tél. 03 29 35 33 17 et 06 74 71 04 85
solidaritepaysanslorraine@wanadoo.fr
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