île-de-France (Seine-et-Marne) Quand chasseurs et agriculteurs collaborent
À Villiers-sur-Seine, la société de chasse finance depuis 2010des aménagements propices à la petite faune.
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« Les produits phyto sont moins responsables de la disparition des oiseaux que le manque d’habitat », tranche Claude Féraud, président de la société de chasse de Villiers-sur-Seine (Seine-et-Marne). Instituteur aux « racines rurales », il a mis en place en 2010, avec huit des dix agriculteurs de sa commune, des aménagements favorables à la biodiversité. Sur les 400 ha de plaine du territoire de chasse, 8 ha de pointes, bordures et surfaces à faible rendement sont semés en maïs-sorgho au mois de mai. La culture reste jusqu’en avril de l’année suivante. Ces bandes de 12 m de large fournissent nourriture et habitat aux petites espèces de plaine. « Nous louons le droit de chasse au propriétaire, et nous rémunérons le service rendu par l’agriculteur à 600 €/ha. Ce dernier doit trouver une rentabilité à laisser une partie de son foncier », explique le chasseur.
Relation de confiance
Avec 40 actionnaires, la société de chasse dispose du collectif pour entretenir les haies, mener des actions de piégeage, d’effarouchement, de clôture et d’agrainage. Pour Patrick Heurtevin, « une relation de confiance s’est nouée ». L’agriculteur non-chasseur est entré dans la démarche, non sans quelques doutes, aujourd’hui dissipés. « Je craignais que le gibier aille dans la culture et qu’on ait davantage de dégâts. Mais depuis huit ans, je n’en ai pas à signaler », avoue-t-il.
Sur ces terres en bordure de Seine, régulièrement inondées ces dernières années, l’assolement, jusqu’ici restreint au blé, à l’orge et au colza, a retrouvé des cultures de printemps. Les céréaliers, convaincus, ont accepté de ne les broyer qu’au printemps suivant et devraient réitérer l’an prochain. Quant aux chasseurs, ils veillent à limiter la pression des nuisibles : ragondins, pigeons et corvidés. « Les agriculteurs ont recréé du lien alors que le remembrement avait échoué il y a dix ans », salue Claude Féraud. Son dernier succès ? La contractualisation de 20 ha en MAEC Natura 2000 (600 €/ha). Les parcelles, allant de 50 ares à 2 ha, correspondent à des terres inondables et à des bandes découpées après calcul du nombre de passage en plein des pulvérisateurs, évitant ainsi les manœuvres. Elles sont déclarées en surfaces « multicéréales » afin de pouvoir être déplacées. « C’est l’aboutissement d’une réflexion collective pour la mise en place d’un corridor écologique traversant la plaine d’est en ouest », se félicite le chasseur Claude Féraud, qui estime que « dans ce projet en faveur de la biodiversité, ni la chasse, ni l’agriculture n’auront primé. »
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