Hauts-de-France (Picardie) Une sécheresse exceptionnelle
Le manque d’eau, qui touche la Picardie depuis juillet, prend des allures dramatiques.
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Des pâtures desséchées, des rendements catastrophiques en betteraves, pommes de terre, maïs ou légumes. La chambre d’agriculture de l’Aisne a alerté le préfet sur les conséquences dramatiques du déficit d’eau qui perdure depuis le début de l’été. « Les deux tiers du département sont fortement touchés, explique Olivier Dauger, président de la chambre d’agriculture. Depuis début juillet, le Soissonnais a reçu moins de 40 mm d’eau, et le Laonnois ainsi que la région de Château-Thierry moins de 65 mm. » Ces précipitations cumulées sont tombées par petites pluies de 3 à 5 mm, évaporées le jour même. « C’est pire qu’en 1976. Il n’avait pas plu entre mai et septembre, mais sans grosse chaleur, constate un agriculteur du sud de l’Aisne. Cette année, nous avons souffert des températures caniculaires. »
Des betteraves à 34 t/ha
Le manque de fourrage a obligé les éleveurs à puiser dans leurs stocks depuis la mi-août et les producteurs de grandes cultures sont désemparés. « Ainsi, 80 % des assurés contre les aléas climatiques ont déposé une déclaration « sécheresse » cette année, commente un expert agricole en Picardie. Je n’ai jamais vu cela, des maïs à 40 q/ha, des pommes de terre à 18 t/ha, des betteraves sucrières à 34 t/ha ramenés à 16 ! Même les pommes de terre irriguées accusent une baisse de rendement de 10 à 15 % par rapport à l’an dernier. » Il estime que les zones les plus touchées sont l’axe Villers-Bretonneux-Amiens dans la Somme, les secteurs de Conty, Beauvais, Ressons-sur-Matz dans l’Oise, ainsi que les secteurs de Laon, l’axe Laon-Reims et les environs de Fère-en-Tardenois dans l’Aisne. « En moyenne, dans l’Oise et le sud de l’Aisne, les premiers arrachages de betteraves se situent autour de 60 à 65 t/ha au lieu de 75 à 80 t/ha les années précédentes, note Emmanuel Pigeon, directeur des syndicats betteraviers des Hauts-de-France. Et la progression des rendements en cours de campagne est beaucoup plus faible que d’habitude. »
Celle à venir est d’ores et déjà impactée. « Dans l’Aisne, en dehors de la Thiérache et du Saint-Quentinois, les colzas ont beaucoup de mal à lever », signale Nicolas Jullier, de la chambre d’agriculture. Certains sont déjà retournés.
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