Bourgogne Renforcer les solidarités

Ce printemps, huit agriculteurs de Saône-et-Loire, essentiellement des éleveurs, ont mis fin à leur jour, plongeant leurs proches dans le désarroi et interpellant les responsables professionnels.

Dans un environnement économique et climatique complexe où de nombreux exploitants sont devenus des producteurs de minerais, dépendants des cours mondiaux, il n’est pas facile de maintenir le cap. « Les événements tragiques de cette année ont créé un électrochoc. Nous n’avons pas voulu le laisser sans suite », explique Christian Decerle, éleveur de charolais et président de la chambre d’agriculture.

Une plaquette d’information sur le mal-être des agriculteurs, avec des numéros de téléphone ainsi que des témoignages, a été distribuée dans le milieu rural (1).

Des moyens supplémentaires ont été attribués au dispositif « Agrisolidarité 71 », afin de répondre plus vite aux sollicitations et d’aider les professionnels à retrouver des marges de manœuvre. « Quand l’équilibre entre les produits et les charges est remis en cause deux ans de suite, il est urgent d’agir, souligne Hervé Lecatre, responsable du service Entreprises à la chambre d’agriculture. Nous observons des agriculteurs qui ont cumulé des dettes à court terme trop longtemps, ainsi que des encours chez les fournisseurs. Quand un agriculteur doit de l’argent partout, il tend à se renfermer sur lui-même. Ce qui a un effet négatif sur son moral, mais aussi sur l’exploitation. »

Agir contre la solitude

Outre cette approche technico-économique, la chambre d’agriculture a aussi décidé de travailler sur le renforcement des solidarités. Elle a ouvert sa réflexion à d’autres acteurs de la société, représentant des PME, TPE et des artisans. Ainsi, le 14 septembre à Jalogny, devant les élus de la chambre d’agriculture, Olivier Torrès, fondateur de l’Observatoire de la santé des dirigeants de PME-TPE, a mis en garde contre la solitude de l’indépendant qui « tue et altère la santé. » Dominique Restino, président de la CCI Paris, a présenté le « concept de mentorat. » Bénévole et bienveillant, le mentor amène le dirigeant à prendre de la distance par rapport à ce qu’il vit. Cet accompagnement permet à des jeunes entreprises de passer des caps difficiles et de mieux maîtriser leur croissance. Originaire du Québec, ce tutorat sera testé dans quelques exploitations de Saône-et-Loire.

(1) Dans les lieux fréquentés par des agriculteurs, mais aussi dans les cabinets de médecins, d’infirmières, des mairies…