Occitanie (Haute-Garonne) L’abattoir de Saint-Gaudens se féminise
Les choses changent à l’abattoir de Saint-Gaudens, où de plus en plus de femmes travaillent dans les bureaux, mais aussi « sur la chaîne ».
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Embauchée il y a sept ans, Christiane Seres fait l’admiration de ses collègues féminines. Après avoir débuté à l’atelier de découpe, elle travaille aujourd’hui sur la chaîne d’abattage, à un poste difficile où elle aspire la moelle des gros bovins et prélève les abats des veaux et des agneaux. « À la base, j’étais secrétaire, puis employée en grande surface, avant d’être recrutée ici, raconte-t-elle. Le travail est dur et nous ne sommes que deux femmes parmi les hommes. Mais l’ambiance est bonne. Ils ne sont pas trop machos, sinon on les remet à leur place ! » Christiane commence tous les matins à 3 ou 4 heures, bien avant ses collègues des bureaux. Sur le site, un bâtiment regroupe les services administratifs de l’abattoir, des entreprises de cheville et la Copyc (Commission ovine des Pyrénées centrales) qui gère le projet d’IGP Agneau des Pyrénées. Une quinzaine de femmes y travaillent sur soixante-dix salariés. Seule la vente semble encore réservée aux hommes.
Des emplois locaux
Roselyne Montero, secrétaire comptable, est arrivée la première sur le site, en 1990. Elle a connu le dépôt de bilan, le passage en régie municipale, la recherche de nouveaux clients… « Aujourd’hui, c’est sympa, on peut discuter entre femmes, souligne-t-elle. Les hommes ont toujours été gentils, mais il fallait garder une certaine réserve. » Arrivée plus récemment, sa collègue Pascale Pujo assure l’accueil et aime l’activité soutenue du site. Elle a failli craquer à cause des odeurs. « Heureusement, on s’habitue ! »
Ici, beaucoup ne croisent jamais un animal, mort ou vif. « Jamais, je n’irai voir la tuerie, ni même les carcasses dans les frigos ! » reconnaît Fabienne Mengelle, secrétaire du chevillard Mathieu et Fils, même si très jeune, elle accompagnait son père éleveur à l’abattoir. Aujourd’hui, lorsque les chauffeurs viennent prendre la marchandise, elle vérifie les chargements et prépare les bons de livraison.
Pour Myriam Jucla, secrétaire de la Maison Jucla, pas question non plus d’aller voir « la chaîne ». Elle, c’est avec les agriculteurs qu’elle est en contact. Elle fixe leur rémunération avec son frère Franck, qui dirige l’entreprise familiale, et assure leur règlement. « Moi non plus, je n’ai pas mis les pieds dans un frigo depuis une éternité, même si je comptais les agneaux abattus, quand je suis arrivée, il y a huit ans, avoue sa collègue Sandrine Bourré, secrétaire de direction. Désormais, j’assure le suivi des magasins qui vendent nos produits label et les copains me demandent des tuyaux pour trouver un bon boucher. »
Quant à Agathe Morat-Devaux, chargée de mission à la Copyc, elle a passé deux ans sur le site : « Ça choque un peu les amis quand on leur dit qu’on travaille à l’abattoir, car ils nous imaginent au milieu des carcasses. Mais c’est un milieu très intéressant. »
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