Champagne-Ardenne Reprise en main de l’abattoir de Rethel
La motivation des usagers pour sauvegarder l’outil a convaincu des acteurs publics et privés d’apporter leur soutien.
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Le 9 février 2017, le tribunal a rendu un avis favorable pour la reprise de l’abattoir de Rethel, appelé la Sobevir (1), par un collectif d’usagers. Celui-ci s’est créé pour maintenir l’outil, indispensable à leur activité. Les Ardennes disposent d’un deuxième abattoir, mais à Charleville-Mézières, tout au nord du département. En 2016, le volume de production a atteint 2 000 tonnes, toutes espèces confondues. Les repreneurs ont pour objectif de le développer.
Fin 2015, le propriétaire de la Sobevir, qui l’avait repris en 2013 à la suite de difficultés financières, se retrouve à son tour en situation délicate. Il souhaite alors que les usagers entrent au capital. « La chambre d’agriculture a fédéré tous les usagers, dont une centaine d’éleveurs, avec un comité de pilotage pour étudier comment soutenir au mieux l’abattoir, explique Sébastien Loriette, président de la chambre d’agriculture. Très vite, la Sobevir a demandé que l’on reprenne l’abattoir. » Faute d’accord, les négociations à l’amiable se terminent en septembre 2016. En décembre, l’abattoir est en redressement judiciaire.
Devant la motivation des usagers, la communauté de communes du Pays rethélois, la mairie de Rethel, la chambre d’agriculture, la CCI, la chambre des métiers et de l’artisanat, et Vivescia, se sont associés à eux pour créer le collectif SAS SCIC « ViandeS et TerritoireS » et reprendre l’abattoir. « C’est une démarche de territoire, poursuit Sébastien Loriette. Dans les Ardennes, nous avons la volonté de manger local, notamment dans les cantines. Mais pour cela, il faut transformer sur place d’où l’implication des collectivités. Vivescia, dont l’abattage n’est pas le cœur de métier, a également voulu s’y associer pour le territoire. »
Salariés polyvalents
ViandeS et TerritoireS, le nouveau nom de l’abattoir, compte 80 actionnaires et dispose d’un capital social de 160 000 €. « Parallèlement, les partenaires (hors utilisateurs) ont apporté 200 000 € pour faire tourner l’entreprise », souligne-t-il. Les actionnaires sont représentés par un conseil de onze administrateurs avec, à leur tête, Kevin Tinant, ancien éleveur, désigné mandataire social pour gérer l’outil. « La présence des utilisateurs dans le conseil d’administration constitue un gage pour la pérennité de l’approvisionnement de l’outil », affirme le président de la chambre d’agriculture.
Seuls vingt-sept des trente-neuf salariés ont pu être gardés. « Un des axes de la réorganisation est de miser sur leur polyvalence. Nous avons aussi pour objectif de développer l’activité de commerce et de rationaliser encore l’outil (énergie, eau, logistique…). Sa mise aux normes devra également se poursuivre, ainsi que des investissements productifs. Cela se fera petit à petit », conclut prudemment Sébastien Loriette.
(1) Société du bétail et des viandes du Rethélois.
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