Chacun ses contraintes, chacun sa Pac ? Chacun ses contraintes, chacun sa Pac ?

Qui peut encore croire que la Finlande et la Grèce ont la même agriculture ? Alors pourquoi leur imposer les mêmes contraintes, pardon, les mêmes règles dans le cadre de la Pac. C’est l’un des arguments que la Commission européenne a mis en avant pour justifier le changement de cap qu’elle propose pour la Politique agricole commune à compter de 2020 (voir p. 20).

Les États membres définiraient donc un plan stratégique pour leur agriculture intégrant leurs contraintes locales, tout en répondant aux objectifs fixés par Bruxelles. Cela revient à abandonner l’obligation de pratiques avec la menace d’une sanction à chaque sortie de route, au profit de l’obligation de résultat.

Cette flexibilité peut être une opportunité pour notre gouvernement de mettre la Pac au service de notre agriculture. C’est aussi un risque, celui d’une renationalisation des mesures à la clé, de nouvelles distorsions de concurrence avec les autres États membres.

Bruxelles livre peu de détails sur les objectifs de cette nouvelle Pac. Elle veut préserver ses deux piliers, renforcer les outils de gestion de crise et soutenir le revenu des agriculteurs. Dans le même temps, elle s’interroge sur un plafonnement des soutiens directs ou l’introduction de paiements dégressifs. Ce qui pourrait sous-entendre à terme un coup de rabot budgétaire et une Pac au rabais.

Mais au fait, quels sont les objectifs de cette nouvelle Pac ? Qu’elle assure une transition vers une agriculture plus durable, notamment face au défi du changement climatique et de l’environnement. Voilà qui plairait sans doute à notre ministre de la Transition écologique, Nicolas Hulot, qui ne cesse de répéter qu’il a son mot à dire sur chaque dossier. La décision sur le glyphosate en atteste. Espérons que le président de la République se souviendra des promesses du candidat Macron : celle du « mieux d’Europe, une Europe à règle égale, qui avance de la même façon, qui contrôle de la même façon ».