Les insectes, nouvelle frontière des pro Les insectes, nouvelle frontière des protéines
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Qui l’eût cru ? Les protéines d’insectes ont le vent en poupe, jusqu’au point de pouvoir débarquer jusque dans nos assiettes ! Début mai, les États membres de l’Union européenne ont, en effet, approuvé l’utilisation de vers de farine séchés dans l’alimentation humaine. Une première. Cela parachève un processus réglementaire qui avait déjà validé, en 2017, l’emploi d’insectes dans l’alimentation animale des carnassiers (aquaculture, petfoods). Si pour des raisons culturelles propres à la France et à sa gastronomie, on peut pronostiquer un certain effet « beurk » et prévoir que le chemin sera long dans l’Hexagone avant que cette nouvelle source de protéines fasse son trou, on aurait tort de considérer cette percée comme un épiphénomène. D’abord, parce que ce n’est pas incongru dans une partie du monde, Asie et Afrique notamment. Cent trente pays en consomment.
Ensuite, ces insectes sont et seront consommés en Europe sous forme d’ingrédients (poudres etc.). Surtout, de puissantes fées se sont penchées sur le berceau de cette filière émergente. À commencer par Bruxelles, qui voit cela d’un très bon œil et qui a même couché les insectes dans sa stratégie « De la ferme à la table », les identifiant comme une source de protéines de substitution à même de soutenir une transition alimentaire plus durable. La Commission européenne vante leur empreinte écologique faible et la FAO trouve qu’ils sont bons pour la santé. Les protéines d’insectes seraient à même de réduire notre dépendance au soja exotique. D’importants investisseurs chaperonnent les start-up qui se sont déjà lancées, à l’instar de Cargill, Veolia, etc., et les levées de fonds se font sans problème.
De manière plus surprenante, la France est en train de s’ériger comme une terre d’élevage d’insectes, avec plusieurs entreprises positionnées sur ce créneau. Et avec une certaine logique, car il faut pouvoir nourrir ces bestioles, céréales et coproduits des industries céréalières étant particulièrement appropriés. Trois ministres, rien que cela – ce qui en dit long sur le tapis rouge déroulé –, étaient présents le 6 mai dans la Somme pour l’inauguration de la plus grande ferme verticale à insectes du monde. Située à proximité immédiate, la coopérative Norepi devrait lui fournir 100 000 tonnes de coproduits et 20 000 tonnes de blé par an. L’inquiétude que cette nouvelle filière pourrait générer chez les éleveurs d’animaux doit être relativisée, car son débouché principal restera, de l’avis général, l’alimentation animale. Et face à l’explosion prévue des besoins mondiaux en protéines, en raison de la croissance démographique, on sait d’ores et déjà que vont se produire de très grosses tensions dans le futur. Il devrait donc y avoir de la place pour tout le monde...
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