Login

La rue, la science et les élus La rue, la science et les élus

Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.

Des tribuns, habiles de leur parole pour manipuler l’opinion et l’histoire, voudraient nous faire croire que c’est la rue qui décide. Invoquant une pseudo-démocratie directe, ils jouent en réalité avec le feu et font, à dessein, perdre de vue les nécessaires équilibres dans les prises de décision politiques. Non, pas qu’il ne faille pas prendre en compte l’opinion publique. Mais la stratégie du banc de poissons qui cherche à manœuvrer les foules, par ailleurs souvent versatiles, ne semble pas bon signe pour nos démocraties. Or, encouragée par la viralité des réseaux sociaux, l’actualité de ces derniers temps fait craindre l’émergence intempestive de mouvements qui, sous couvert du label « citoyens » dicteraient des positions pas très étayées. Ainsi en va-t-il de la question du glyphosate, dont l’autorisation arrive à échéance le 31 décembre. Faute d’une majorité claire des États membres, la Commission européenne se trouve prise en tenaille entre une initiative citoyenne « Stop glyphosate », soutenue par plus d’un million de personnes, et des avis scientifiques controversés. La perte de crédibilité de la science pose un véritable problème de conscience aux parlementaires, qui devraient pourtant asseoir leur vote sur des éléments tangibles. Et se donner ainsi les moyens d’une vision globale sur un problème, plutôt que de l’aborder sous un angle obtus ou sous influence. La prééminence, en termes de moyens, de la recherche privée sur la recherche publique entretient aussi la méfiance.

La France, dont la position sur le glyphosate semble naviguer à vue, à la suite des déclarations de Nicolas Hulot, illustre hélas à merveille la zone d’incertitude malléable, donc risquée, du moment.La saisie, le 5 octobre, de l’Office parlementaire des choix scientifiques pour statuer sur « l’indépendance et l’objectivité des agences européennes »… et notamment de l’Efsa, traduit bien l’embarras de nos gouvernants. Au-delà du seul glyphosate, ce sont bien les fondements de l’avis scientifique qu’il s’agit de jauger.

A découvrir également

Voir la version complète
Gérer mon consentement