La course au carbone renouvelable La course au carbone renouvelable
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Qui l’eût cru ? Les biocarburants issus de l’agriculture française seraient presque devenus « tendance ». Un retour en grâce étonnant, mais qui s’explique. Après des décennies de dénigrement, d’études assassines où les associations environnementales n’hésitaient pas à pratiquer l’amalgame avec la déforestation en Amazonie et à nous rebattre les oreilles avec les changements d’affectation de terres qui allaient affamer les populations, c’est vers eux que l’on se tourne pour tenter de répondre, pour une part, à nos obligations de décarbonation de l’économie. Longtemps rétives et souvent promptes à leur mettre des bâtons dans les roues, les entreprises pétrolières s’en sont aujourd’hui largement emparées. Il faut dire que la question du changement climatique est devenue omniprésente et que les solutions disponibles pour remplacer le carbone fossile dans les moteurs thermiques ou dans les chaudières à fioul sont plutôt rares… Même le transport aérien, qui fait désormais l’objet d’intenses critiques, s’y intéresse et commence à les tester en vol.
Du coup, plus question de faire la fine bouche et de couper les cheveux en quatre. Signe des temps, près de quarante ans après une première promotion à l’Enduro du Touquet, on ose à nouveau afficher que l’on roule à l’éthanol dans les compétitions sportives : un carburant 100 % renouvelable (sur une base de résidus viniques issus de l’agriculture française et de matières premières issues de l’économie circulaire) doit être introduit en 2022 dans le championnat du monde d’endurance, dont les 24 h du Mans. Au-delà de cette opération de communication, constatons que le bioéthanol est désormais incorporé jusqu’à 10 % dans les essences françaises, sans adaptation du moteur, et que son utilisation sous forme d’E85 gagne de plus en plus de stations-service, séduit des constructeurs comme Ford, Jaguar ou Land Rover, et que de plus en plus d’utilisateurs alléchés par son prix à la pompe s’y mettent. Côté diesel, le gazole utilisé en France comprend lui aussi un biocarburant, en l’occurrence de l’huile de colza estérifié. Un nouveau marché pourrait s’ouvrir avec l’interdiction des chaudières à fioul au 1er juillet 2022 et leur potentiel remplacement par du biofioul de colza.
Le caractère renouvelable de ces carburants s’affirme donc comme un puissant catalyseur, mais leur provenance locale est en train de devenir un argument tout aussi fort. D’autant qu’une taxe CO2 à l’importation devrait se mettre en place aux frontières de l’Union européenne. Après un long bras de fer, TotalEnergies n’a-t-il pas renoncé à importer de l’huile de palme dans sa raffinerie de La Mède ? Dès lors, n’y aurait-il pas là matière à revaloriser le prix des matières premières concernées, pour ces deux bonnes raisons, afin qu’elles ne soient plus seulement guidées par le prix du pétrole ?
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