Bientôt payés pour stocker du carbone ? Bientôt payés pour stocker du carbone ?
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Est-ce enfin l’heure du décollage ? Si des certificats carbone sont en place dans le secteur industriel depuis plus d’une décennie, l’agriculture avait curieusement été laissée à l’écart. On sait pourtant que la séquestration du CO2 dans les sols est - de loin - le levier le plus important et le plus prometteur dans la lutte contre l’effet de serre. Traduit en termes agronomiques, il s’agit d’augmenter le taux de matière organique (MO) via un surcroît de biomasse végétale et des changements de pratiques (couverture végétale permanente, résidus non exportés, semis direct, par exemple).
C’est d’ailleurs le sens de l’initiative « 4 pour 1 000 » lancée par le ministère de l’Agriculture au moment de l’accord de Paris sur le climat (COP21, 2015). Sur la base de travaux de l’Inrae, on estime qu’une augmentation annuelle de 0,4 % du stock de carbone dans les sols de la planète (correspondant à 4 grammes de MO pour 1 000 grammes de CO2 émis) serait à même de compenser l’ensemble des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Rien que ça. Selon cet institut, le secteur des grandes cultures représenterait à lui seul 86 % du potentiel de stockage additionnel en France.
Le trou dans la raquette à l’égard de l’agriculture commence donc à être corrigé si on se réfère aux dernières initiatives privées et publiques (Soil Capital, label bas carbone, Carbon Agri, bon diagnostic carbone, Pac 2023, etc.), afin d’aboutir à une rémunération. Pour tout dire, ça bouillonne tellement que l’on a encore un peu de mal à cerner comment va se structurer ce marché émergent du carbone agricole !
Des sociétés fortement émettrices regardent du côté de l’agriculture pour compenser leurs rejets. C’est le cas de Bouygues qui veut atteindre une neutralité carbone. Ce qui semble se dessiner, c’est qu’une rémunération du carbone stocké soit assise sur l’obtention préalable d’une certification officielle (label bas carbone) afin de pouvoir justifier de ses résultats. Le prix se négocie ensuite de gré à gré entre un porteur de projet (collectif d’agriculteurs par exemple) et une entreprise financeuse. Les premiers projets sortis dans le cadre du label bas carbone sont entre 30 et 50 € la tonne de CO2.
Quel(s) indicateur (s) retenir ? Des agriculteurs en agriculture de conservation (projet Dycasol) trouvent que la teneur en matière organique est simple et pertinente et se méfient - à juste titre - d’une nouvelle usine à gaz administrative (1). La question est aussi de récompenser ceux qui ont déjà fait des efforts ou qui ont des productions particulièrement résilientes comme les prairies permanentes, afin qu’ils maintiennent leurs stocks actuels. La perspective d’une nouvelle source de revenus est donc bien là, reste à la structurer pour que le flux finisse dans les bonnes poches…
(1) À consulter, le webinaire
de l’Apad « Carbone : de l’or
au cœur des sols ? »
(décembre 2020) https://www.youtube.com/watch?v=RLrVNYjImYw
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