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Compétitivité La France doit se ressaisi Compétitivité La France doit se ressaisir

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«Quand on ne fait pas tout pour être le premier, le devenir ou le rester, on ne demeure pas le deuxième. On tombe fatalement le dernier. » Appliquée à l’agriculture française, cette citation du maréchal Lyautey est sans doute excessive. Pour autant, notre agriculture s’est endormie sur ses lauriers, et les choix stratégiques ou l’absence de volonté politique lui ont fait perdre du terrain. Certes, la France reste de loin le premier producteur agricole européen, même si les volumes stagnent depuis une vingtaine d’années. Mais plusieurs rapports (Trésor, Cour des comptes, Sénat…) pointent du doigt la perte de compétitivité de l’agriculture et de l’agroalimentaire français, qui se font tailler des croupières à l’international.

Ainsi, pour la première fois depuis très longtemps, la balance commerciale agroalimentaire française est devenue déficitaire en 2018 avec les pays européens, alors qu’en 2011 on enregistrait un excédent de 6,3 milliards d’euros. Un déficit qui se creuse notamment en fruits et légumes, produits laitiers, porc et volailles. Et au niveau mondial, nous ne cessons de perdre des parts de marché sur le plan des exportations alors que nos voisins allemands et néerlandais résistent et que d’autres puissances émergent. Globalement, nos importations ont doublé depuis l’an 2000 ! Des denrées importées qui ne respectent pas toujours nos propres exigences, et qui pourraient être produites chez nous.

Dans ce contexte, on peut donc se poser des questions sur la fameuse « montée en gamme » (bio, qualité…) ou le local prônés par le gouvernement, vu notre retard de performances sur les produits d’entrée et de milieu de gamme. En fait, notre filière agricole souffre d’un manque de compétitivité à plusieurs niveaux (lire notre dossier p. 28). Dans les secteurs où notre déficit se creuse, comme celui des fruits et légumes ou la filière porcine, le coût de la main-d’œuvre a un réel impact. La France pratique aussi volontiers la surréglementation, notamment en matière environnementale. Les producteurs français sont ainsi bien plus défavorisés que leurs voisins pour l’accès à certaines molécules protégeant leurs cultures. La directive nitrate est elle aussi appliquée à plusieurs vitesses au niveau européen. Notre agriculture dispose pourtant de nombreux points forts. Il faut donc s’en saisir et redresser notre compétitivité pour que l’agroalimentaire français participe à nourrir la planète, qui devrait compter 10 milliards d’habitants en 2050. Et commençons par inciter nos concitoyens à consommer français (lire page 19). De véritables défis !

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