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Feux verts pour l’éthanol Feux verts pour l’éthanol

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Qui l’eût cru, à part ses promoteurs qui n’ont jamais lâché le morceau ? Il y a une dizaine d’années encore, on n’aurait pas donné cher de la filière éthanol qui était confrontée à de multiples difficultés, aux attaques récurrentes des ONG et au scepticisme des politiques. Quand ce n’était pas de l’intérieur même de la filière que venaient les soucis puisque des coopératives avaient rompu avec fracas leurs contrats d’approvisionnement vu la faiblesse du prix du blé-éthanol.

Si les feux sont aujourd’hui passés au vert, cela tient donc à une certaine persévérance mais surtout à une conjonction d’éléments favorables (politiques, fiscaux, sociétaux) qui soutiennent la consommation. Alors que la montée en puissance s’appuyait jusqu’à ces dernières années sur l’incorporation dans le SP95-E10 (jusqu’à 10 %) et dans le SP98, voire dans le carburant de certaines flottes captives, c’est aujourd’hui le super éthanol E85, nettement plus « dosé », qui est l’objet de toutes les attentions (notamment médiatiques), avec une belle percée en l’espace d’un an.

Plus de 1 600 stations le distribuent désormais, soit un peu moins de 20 % du réseau, avec deux nouvelles ouvertures par jour, Intermarché et Total étant en figure de proue. Vendu seulement 0,68 €/l à la pompe et malgré une surconsommation de 20 à 25 %, l’E85 commence du coup à être perçu comme « un carburant du pouvoir d’achat » puisqu’au final, l’économie est estimée à 500 €/an pour 13 000 km parcours, en comparaison avec l’essence. Il se double d’avantages environnementaux en termes d’émissions de particules (réduction de 90 %), d’oxydes d’azote (baisse de 30 %) et de CO2 (diminution de 40 %). Sur ce point, les contestations se sont tues. On a même entendu, en avril, l’ancien ministre de l’Environnement, François de Rugy, qui a fait un long parcours politique chez EELV, défendre la production d’éthanol ! Toutefois, ce carburant nécessite le montage d’un kit de conversion homologué (1 000 €) ou l’achat d’un véhicule « flex-fuel » (pour l’instant, seul le Ford Kuga est disponible mais d’autres modèles sont annoncés pour 2020).

L’été dernier, le gouvernement a rendu ces véhicules éligibles à la prime de conversion écologique. Et la carte grise est gratuite dans beaucoup de régions pour ces véhicules flex-fuel et pour ceux équipés d’un boîtier homologué. Reste un point noir, l’absence de garantie constructeur en cas de conversion mais les fabricants de boîtiers mettent en avant leur assurance en cas de dommage au moteur. Après avoir été dédaigné pendant des années, l’éthanol est donc plutôt en sympathie du côté des pouvoirs publics. Il faut dire qu’à l’heure de l’urgence climatique, ils n’ont pas tant de solutions que cela à afficher en substitution des carburants fossiles…

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