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Incendie de Rouen : sortir du brouillard Incendie de Rouen : sortir du brouillard

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Quand des agriculteurs de cinq départements du nord-ouest de la France ont constaté des dépôts noirs au sol ou sur leurs cultures, sans doute n’ont-ils pas tout de suite compris qu’un accident industriel à Rouen allait impacter leur activité. L’interdiction de commercialisation des produits agricoles, rapidement décidée par les autorités en vertu du principe de précaution, a aujourd’hui pour conséquence des centaines de milliers de litres de lait jetés, des légumes détruits, des œufs potentiellement perdus, des chantiers de récolte arrêtés…

Difficile psychologiquement de jeter le fruit de son travail, surtout quand - comme certains - on n’a pas vu trace de suie. Des questions lancinantes attendent maintenant une réponse : à quel moment les interdictions de commercialisation seront-elles levées ; quand, comment, et par qui le manque à gagner sera-t-il remboursé ?

Mardi, les résultats définitifs des analyses n’étaient toujours pas connus, même si le gouvernement se voulait rassurant concernant les dioxines. Les mesures de restriction devraient cependant être maintenues au moins jusqu’au 11 octobre, soit deux semaines après l’incendie. Une durée déjà bien longue quand l’argent ne rentre plus dans les caisses. Qui réparera alors les conséquences du sinistre ? L’État demande à la société Lubrizol de faire jouer le principe pollueur-payeur. Celle-ci affiche une certaine bonne volonté, tout en déclarant que le feu a d’abord été observé à l’extérieur de son site. Au final, c’est bien le responsable du préjudice ou plutôt ses assureurs qui devront rembourser. Les procédures judiciaires pourraient néanmoins être longues.

La situation urge pour les agriculteurs touchés. Dans un premier temps, ils ont intérêt à faire une déclaration de sinistre auprès de leur compagnie d’assurances. Or, si les pertes d’exploitation peuvent être évaluées sans trop de difficultés, il n’en sera pas de même pour les pertes futures de clientèle en cas de rupture de confiance. Des avances doivent être rapidement versées car la trésorerie et l’équilibre financier de nombreuses exploitations en dépendent. Le Cniel (interprofession laitière) a mis en place un dispositif pour la paye de lait de septembre et le FMSE (fonds de mutualisation sanitaire et environnemental) est mis à contribution. Ce dernier, partiellement financé par les agriculteurs, devra néanmoins être remboursé des sommes avancées car les paysans ne sont en rien responsables de ce sinistre industriel. À l’issue des procédures, il ne faudrait en effet pas qu’une partie de l’ardoise reste à la charge du FMSE. Si tel était le cas, à l’État alors de combler le manque.

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