Giec : un rapport à lire sans amalgame Giec : un rapport à lire sans amalgame
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Cela devient malheureusement de plus en plus récurrent chez une certaine presse militante et chez des ONG : détourner un rapport officiel pour lui faire dire ce qu’il ne dit pas ! Et lancer le buzz sur les réseaux sociaux avant même que le document ne soit sorti et qu’il puisse être consulté. Donc répétons-le ici : non, dans son rapport fleuve (1 200 pages) sur le réchauffement climatique et l’utilisation des sols, le Giec (1) ne recommande pas spécialement un régime végétarien (lire aussi page 20), même si les régimes équilibrés riches en aliments d’origine végétale font partie des pistes, parmi d’autres, pour limiter nos émissions de gaz à effet de serre.
Face à ce détournement, une série d’articles en forme de démenti ont, du reste, fleuri après coup (Le Parisien, 20 minutes, etc.) en s’appuyant sur les auteurs du rapport, montés au créneau pour rectifier le tir. À l’instar de Cheikh Mbow, professeur associé à la Michigan State University, qui a codirigé la partie sur la sécurité alimentaire et qui rappelle qu’on ne peut pas demander à des pays en développement d’être végétarien alors qu’ils n’ont déjà pas assez de protéines ! En revanche, il est vrai que la question est posée de consommer moins de viande ailleurs, à la fois pour le climat et pour la santé, mais sûrement pas de la supprimer.
Si le rapport spécial souligne qu’il faut modifier, à l’échelle mondiale, la façon dont sont utilisées et cultivées les terres, et ce en vue de nourrir 10 milliards d’humains en 2050, le modèle agricole français n’est pas le plus visé : la déforestation ne se passe pas chez nous mais plutôt au Brésil ou en Indonésie (les surfaces boisées françaises sont parmi les plus importantes de notre histoire), la viande bovine produite dans l’Hexagone l’est majoritairement à l’herbe, et la dégradation des sols n’est pas un phénomène très prégnant chez nous.
Le Giec ose même dire que « les terres doivent rester productives » pour maintenir la sécurité alimentaire (tout en mettant l’accent sur leur durabilité), ce qui a été peu relevé dans les commentaires. Il est vrai que notre pays a de plus en plus un problème culturel avec cette notion qui fait presque figure de gros mot…
Certes, l’agriculture fait partie du problème vis-à-vis du changement climatique, cependant, elle est aussi source de solutions. Non seulement via les bioénergies mais aussi et surtout par la captation de carbone. En cela, les orientations actuelles vers la couverture des sols et l’intérêt croissant pour l’agriculture de conservation sont tout à fait en ligne avec le défi posé.
(1) Groupe d’experts intergouvemental sur l’évolution du climat.
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