Soupe aux choux Soupe aux choux
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S’il est des petites phrases d’apparence anodine qui peuvent faire grand bruit, alors le ministre de l’Agriculture a visé juste. À travers ses propos dans une interview au quotidien Le Dauphiné libéré le 26 avril, Didier Guillaume semble en effet s’être pris pour Monsieur Jourdain : faire de l’agribashing sans le savoir.
Prétendre « arrêter la dépendance aux pesticides, au glyphosate comme aux autres », est une chose ; vouloir revenir « à ce que faisaient nos grands-parents » en est une autre. Dans la voix d’un ministre d’un grand pays agricole, sensé porter des axes stratégiques forts pour maintenir notre indépendance alimentaire, un tel raccourci laisse songeur, même s’il exhale un doux fumet de soupe aux choux. Moins savoureuse, cependant, que celle du film réunissant Louis de Funès et Jean Carmet (1981) !
D’abord parce que, n’en déplaise aux nostalgiques du passé et avec tout le respect que l’on doit à nos aïeux, toutes les pratiques d’autrefois n’étaient pas aussi vertueuses que l’on voudrait le faire croire, y compris pour la santé. Ensuite, parce que c’est faire injure à la technicité des agriculteurs d’aujourd’hui que d’affirmer qu’il est temps de « revenir à l’agronomie, la rotation des cultures, l’assolement… ».
À trop vouloir slalomer entre ses différents auditoires et groupes d’opinions, Didier Guillaume ne laisse pas transparaître une parole politique ferme face à l’univers international très concurrentiel dans lequel nous évoluons, y compris, par exemple, pour les productions bio ! La rétrogradation du ministère de l’Agriculture au sein du gouvernement n’est plus un secret pour personne, et rend sceptique dans la perspective de futures négociations sur la Pac.
Sur le fond, la façon de tisser un lien entre santé des consommateurs, qualité des produits alimentaires et santé des plantes semble déconnectée des réalités scientifiques et pratiques. Comme si le syndrome du glyphosate et l’ombre de Monsanto avaient pollué toute prise de recul. Car oui, à l’instar de la pharmacopée contre les pathologies humaines, et faute de mieux, les produits de traitement des plantes utilisés à juste dose constituent encore des moyens de gestion des risques sanitaires pour notre alimentation. Comme c’est le cas pour les mycotoxines.
Par ailleurs, en protégeant les plantes contre les ravageurs et les maladies, ces produits peuvent leur permettre de mener leur cycle végétatif et de produire les semences indispensables à la vie.
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