Editorial Les moralisateursde notre assiette
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C’est la dernière trouvaille d’un parterre de 500 personnalités, dont un certain nombre de « people » et de membres du show-biz : un lundi sans viande ni poisson, baptisé « lundi vert » (lire en page 22). Derrière le fatras idéologique (sauver la planète, santé de la personne, souffrance animale), on cerne rapidement la véritable finalité, qui est de pousser les pions de la cause végane. Une belle brochette de végétariens en vue et prosélytes figure d’ailleurs parmi les signataires.
Alors qu’un mouvement social perdure en France, il a visiblement échappé à cette « élite » vivant dans sa bulle que la journée sans viande, c’est déjà plusieurs fois par semaine pour certains, à cause des fins de mois difficiles. Plus généralement, les Français n’ont pas attendu ces nouveaux moralisateurs de l’assiette pour être en ligne avec les recommandations officielles du Plan national nutrition santé (PNNS), puisqu’ils ne consomment en moyenne que deux à trois fois par semaine de la viande rouge, soit 320 grammes, moins que le seuil de 500 grammes généralement admis.
Délivré sans aucune précaution, cet appel pour un « lundi vert » devient même irresponsable si l’on considère la seule population des enfants, car il sous-entend in fine que la viande est à éviter. Or, à leur âge, ce type de régime entraîne fatalement des carences en vitamine B12 et souvent en fer. Avec des conséquences irrémédiables et désastreuses, comme le soulignait dernièrement dans nos colonnes le Pr Patrick Tounian, chef du service de nutrition pédiatrique (hôpital Trousseau). On est d’autant plus atterré par ce manque de discernement que les universitaires sont majoritaires parmi les signataires !
En fait, tous les coups et arguments fallacieux semblent permis dans cette tribune pour casser l’élevage, en décrivant des conséquences extrêmement néfastes sur l’environnement. Pourtant, la réalité est que les feed-lots n’existent pas en France mais en Amérique, que 80 % d’aliments impropres à la consommation humaine sont utilisés par les animaux, qu’une bonne partie des terres dédiées à l’élevage en France sont non labourables, et que ces prairies sont d’importants puits de carbone. De même qu’il est faux de considérer que l’élevage rejette plus de CO2 que les transports. Tout cela est consigné dans une note étayée de l’Inra : Quelques idées fausses sur la viande et l’élevage.
Des artistes signataires, comme Juliette Binoche ou Isabelle Adjani, feraient donc mieux de se priver de quelques voyages en avion si elles veulent vraiment réduire leur empreinte carbone et vivre en accord avec leurs idées…
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