Feu de tout bio Feu de tout bio
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Plus d’un milliard pour le bio d’ici 2022 ! Ce chiffre peut faire rêver et susciter bien des vocations. Mais la confirmation, jeudi 5 avril, par le ministre de l’Agriculture, d’objectifs ambitieux pour la production biologique doit être prise avec un certain recul. D’abord parce qu’il s’agit surtout de fonds destinés à encourager les conversions, sans envisager de compensation pour l’abandon des aides au maintien (au-delà du crédit d’impôt).
Ensuite parce que le principal levier financier est supposé provenir du fonds européen Feader, lequel voit son budget programmé jusqu’en 2020 seulement, sans que ses réserves s’avèrent suffisantes pour répondre à ce plan français.
Sans doute les statistiques de l’Agence bio, évoquant un marché de produits alimentaires dépassant les 8 milliards d’euros avec une croissance de 16 % en un an, ont-elles incité les pouvoirs publics à se mettre au diapason de l’allégresse générale.
Mais les objectifs affichés d’atteindre 15 % de surfaces bio ou en conversion en 2022 et 20 % de produits bio en restauration collective publique vont devoir être étayés pour que le rêve devienne réalité.
La grande distribution, elle, fait feu de tout bois, quitte à chahuter sans vergogne les enseignes bio spécialisées. Dans son rôle de chef d’orchestre, le marketing remplit ses gammes en bien moins de temps qu’il n’en faut à un agriculteur pour se convertir dans les règles de l’art. Quant aux mentions « produit bio provenant de différents pays de l’UE » et « mélange de produits bio d’origines étrangères », elles fleurissent sur les emballages.
Si les critères de conversion restent aussi rigoureux en France, ce qui est souhaitable en termes de garanties aux consommateurs, et si les moyens ne suivent qu’au compte-gouttes, y aura-t-il à l’arrivée autant de « convertis » qu’annoncé ? En quittant son statut de marché de niche, le bio doit encore trouver le bon positionnement face aux produits « conventionnels », y compris ceux classés « haut de gamme ». Pour mettre la production en phase avec l’appétit apparent du marché.
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