Login

Perte de primes ICHN : ils ont choisi la Perte de primes ICHN : ils ont choisi la vente directe

Passionnés de génétique limousine, les associés du Gaec Robin-Vannier doivent diversifier leur système et compenser la perte de leur ICHN (1).

Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.

Pour rendre possible l’installation de Paul Vannier, il y a bientôt trois ans, en mai 2017, le Gaec Robin-Vannier, une exploitation de polyculture-élevage en sélection à Chapaize, en Saône-et-Loire, a dû trouver de nouvelles sources de revenu. Développer le troupeau limousin inscrit de 130 vaches et la suite aurait exigé de construire un nouveau bâtiment et de trouver des terrains supplémentaires. Hors de question pour les trois associés, Philippe, Solange Vannier et Jean-Luc Robin, dont le parcellaire était déjà suffisamment éclaté.

Alors qu’il devient de plus en plus difficile de tirer un revenu rémunérateur en système allaitant, même en vendant des reproducteurs – une trentaine d’animaux chaque année –, les agriculteurs se sont résolus à diversifier leur activité. En plus de la cinquantaine d’hectares de céréales vendues chaque année et produites en bio, comme l’ensemble de l’exploitation, ils ont crée un petit atelier de volailles (œufs et poulets de chair). Trois petits poulaillers avec parcours extérieur – deux pour les poules pondeuses et un pour les poulets – ont été installés. Un centre de conditionnement d’œufs a été aménagé à la ferme.

Un temps plein pour la vente directe

La vente directe de viande bovine a également été développée. En plus des vaches et des génisses engraissées, les éleveurs ont décidé de produire des veaux rosés. Commercialisés entre cinq et huit mois, à un poids vif moyen de 200 kg, ces derniers sont nourris avec le lait de leur mère – deux tétées par jour –, des céréales, voire un aliment du commerce, du foin et de la paille. « Mise en place il y a un an, cette production a remplacé celle des broutards, qui n’apportait en bio aucune plus-value, précise Philippe Vannier. Les veaux rosés valorisent bien les qualités de précocité de la race limousine. »

Figurant parmi les vingt-neuf exploitations de Saône-et-Loire exclues injustement de la nouvelle carte des zones défavorisées, le Gaec va perdre ses primes ICHN, soit 30 000 euros par an, une aide pourtant actée lors de l’installation de Paul. « Cette année, nous n’avons touché que 80 % de la prime, expliquent les associés. L’an prochain, nous n’aurons plus que 20 %. Un accès prioritaire aux MAEC (2) a été promis par la Région pour les communes de Bourgogne sorties de la zone ICHN. Mais nous n’y aurons pas droit, car nous sommes en bio. » De l’argent qui va manquer cruellement à la trésorerie, déjà tendue par le retard important du versement des aides bio : « Il a fallu attendre le mois de janvier 2020 pour toucher le solde de 2016, première année de transition. »

Dans ce contexte difficile, les éleveurs se félicitent de pouvoir compter sur la volaille en vente directe, une production qui ramène régulièrement de l’argent en caisse. Malgré tout, la ferme a dû faire des prêts à court terme, appelés « avances sur primes », sur la moitié du montant non perçu. Une première pour l’exploitation. À ce coût supplémentaire s’ajoute un sentiment d’injustice au regard du profil agronomique bien plus favorable des communes intégrées dans le nouveau zonage des ZDS (3). « Pour conserver notre ICHN, il aurait suffi que notre secteur soit détaché de la petite région administrative du Mâconnais, à dominante viticole, pour être rattachée à celle du Clunisois. Une solution prônée par les élus, dont nous saluons le combat, mais refusée par l’Administration », dénoncent les associés.

Concurrence plus rude

Comment l’exploitation pourra-t-elle compenser la perte de l’ICHN, dont le montant équivaut aux prélèvements annuels d’un associé et demi ? Augmenter la part de bêtes valorisées en direct, développer les volailles en élargissant la gamme, faire des porcs plein air… Les idées ne manquent pas. Mais encore faut-il qu’elles soient compatibles en termes de charge de travail et de marché. « Depuis cinq ans, la concurrence s’intensifie pour le segment de la vente directe dans notre secteur, pointent les agriculteurs. La demande va-t-elle suivre l’augmentation de l’offre ? »

Baisser le nombre de vaches limousines et le nombre d’hectares en location est une des pistes de réflexion.

Anne Bréhier

(1) Indemnité compensatoire de handicaps naturels.

(2) Mesures agroenvironnementales et climatiques.

(3) Zones défavorisées simples.

[summary id = "10018"]

A découvrir également

Voir la version complète
Gérer mon consentement