Des graines de qualité pour le marché fr Des graines de qualité pour le marché français
Dans le Berry, Marion Breteau et Damien Sneessens cultivent et commercialisent du quinoa. En cinq ans, ils ont réussi à placer leur production dans plus de 200 points de vente.
Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.
«Àplusieurs reprises, nous avons pensé tout arrêter. Il faut toujours se battre et avoir “une graine” d’avance », confie Marion Breteau. À trente-deux ans, cette jeune agricultrice a la « niaque ». Marion et son compagnon Damien Sneessens se sont lancés, en 2015, dans la production du trésor inca, le quinoa. À l’époque, ce dernier est très peu cultivé en France. Ils le testent sur 5 hectares. Après deux ans de recherche (lire l’encadré) et une bonne dose de prise de risque, ils en cultivent 80 ha sur les 350 de leurs deux fermes à Nérondes, dans le Berry, et vendent leurs premiers sachets.
Une histoire qui séduit
L’évolution est fulgurante : en cinq ans, ils atteignent 500 ha de graines en tout genre, cultivées chez eux et trente autres agriculteurs. « En 2018, nous avons eu une opportunité industrielle qui a permis d’augmenter fortement les volumes. La majorité de la production est désormais destinée à l’agroalimentaire. En circuits courts, nous ciblons les magasins de producteurs qui gèrent mieux leurs stocks que les grandes surfaces, les magasins de vrac et les épiceries fines », indique Marion. La gamme « Sa majesté la graine » s’est considérablement élargie : lentilles corail, lentilles vertes, pois cassés, pois chiches, lin brun et petit épeautre sont présents dans les rayons.
Avec 8 000 tonnes consommées par an en France, dont un tiers réalisé par le concurrent Quinoa d’Anjou, cette plante herbacée est un marché de niche. « Nous recherchons toujours de nouvelles graines pour le commerce, mais également pour l’agronomie, souligne Damien. Cela permet de proposer des débouchés aux agriculteurs du secteur, car le quinoa ne revient que tous les cinq ans dans la rotation. »
De locale, la commercialisation des graines est devenue nationale, avec plus de deux cents points vente. « J’ai suivi un BTS productions animales. Pas des études de marketing, sourit l’agricultrice.Le retour des clients est essentiel pour tester notre packaging. Pour ce faire, nous continuons à être présents sur des marchés de producteurs cinq fois par an. »
Leur credo ? Se démarquer du quinoa importé avec un produit 100 % français, tracé du champ à l’assiette et des slogans dans l’air du temps : « Qui peut en garantir autant ? » ou encore « Faites confiance à sa majesté ». « Au départ, nous avons tâtonné, explique Marion. J’ai revu plusieurs fois le texte des conseils culinaires ou la disposition de notre photo. Il a fallu trois séries de cinq mille sachets pour y arriver. »
Pour se faire connaître, le couple utilise essentiellement les réseaux sociaux. « Instagram, Facebook, Linkedln… Aujourd’hui, le commerce se fait ainsi. Même notre banquier nous suit ! », lance Marion, qui se forme régulièrement à la communication digitale. En moyenne, elle passe deux heures par jour à cibler les influenceurs culinaires, à commenter d’autres publications et à poster des recettes. Au total, la communication et le marketing –plaquettes, site internet, étiquettes, réseaux sociaux – lui prennent deux jours par semaine, en plus de la préparation des commandes, du suivi de la qualité, des expéditions… et du troupeau de soixante-dix vaches allaitantes.
« Du fermier de qualité supérieure »
Face à l’augmentation des volumes, la SAS Berry graines, fondée par le couple pour le négoce, a investi dans du stockage (550 t), un pont-bascule et un prénettoyeur. Trois personnes ont été embauchées au cours des six derniers mois. Mais pas question de rogner sur la qualité. « Nous produisons du “fermier de qualité supérieure”, aime à préciser Marion. Les échantillons de graines sont analysés par quatre laboratoires différents, le cahier des charges est très strict (99,99 % de pureté) et la traçabilité est présente à chaque étape. « Avec le logiciel Excel, nous avons créé tous les supports nécessaires et des fiches techniques pour chaque produit. Ainsi, nous pouvons répondre aux exigences des grands noms de la gastronomie, comme la maison Plisson », ajoute Marion. Grâce à cette rigueur, Damien et Marion espèrent maintenir leur marché sur le long terme et inciter les Français à choisir la production locale.
Aude Richard
[summary id = "10018"]
Pour accéder à l'ensembles nos offres :