Quand luzerne, lentilles et lavande se c Quand luzerne, lentilles et lavande se côtoient
À côté de la production de céréales en bio, Thomas Vauthier s’est lancé, il y a six ans, dans celle de plantes aromatiques qu’il transforme en tisanes.
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Chez les Vauthier, on a l’esprit d’entreprise et la volonté d’innover. « Nous habitons un secteur de la Meuse faiblement peuplé, où le pouvoir d’achat n’est pas celui de l’axe Metz-Thionville-Luxembourg. Nous devons faire preuve d’imagination et surtout nous démarquer », souligne Christophe Vauthier, qui a lancé une marque de producteurs en œufs bio avec deux autres éleveurs. Son neveu, Thomas, 35 ans, cultive des céréales bio et, depuis six ans, des plantes aromatiques à Ménil-la-Horgne.
Une installation qui s’est faite hors-cadre familial pour éviter « des expériences compliquées », souligne le jeune agriculteur. Après un bac scientifique et un BTS ACSE (analyse, conduite et stratégie de l’entreprise), il obtient une licence professionnelle en agro-environnement. Après avoir été tenté par le métier de guide de montagne, il travaille deux étés de suite dans une exploitation de son village. Lorsque l’agriculteur part en retraite, sans successeur, il propose à Thomas de lui céder sa structure. Un accord est trouvé, avec de l’achat et de la location, pour la reprise des terres en 2007. Pendant plusieurs années, Thomas produit de façon conventionnelle, avec une rotation classique de colza, blé, orge, escourgeon. En 2010, il convertit la ferme au bio. « J’ai choisi cette voie par conviction. »
Tout le matériel en Cuma
La rotation s’allonge et les cultures se diversifient. Désormais, un quart de la surface est consacré à la luzerne, utilisée comme tête de rotation, laissée en place trois ans et vendue sur pied à un oncle éleveur. Thomas alterne cultures d’hiver et de printemps, tout en ayant recours à des variétés rustiques.
Tout le matériel appartient à la Cuma mise en place avec son frère et sa sœur, qui ont pris la suite des parents. Thomas ne réalise plus que les semis, le salarié de la Cuma prenant en charge le reste de l’itinéraire technique. Michel, le père de Thomas, qui était passé au bio, s’était équipé du matériel nécessaire pour le tri des céréales et des lentilles : table densimétrique, épierreur, table alvéolaire, trieur optique… Désormais retraité, il donne un coup de main pour ces opérations. La production est vendue à Probiolor, la coopérative bio régionale.
Grâce au temps dégagé sur les cultures, Thomas s’est lancé dans les plantes aromatiques. Une production qui le motive car il en maîtrise toutes les étapes, jusqu’à la commercialisation. Au cours d’une formation dans l’Ouest, il apprend comment élaborer des plantes sèches. Il démarche des magasins et s’engage en 2013. Il baptise sa marque « Les P’tisânes » et dessine lui-même le logo. Sariette, menthe, lavande, camomille, romarin, mélisse…, une quinzaine d’espèces occupent désormais trois hectares. Une serre froide de 470 m2 permet de cultiver certaines plantes sensibles au gel, comme la verveine citronnée. Lors de la saison de récolte, qui s’étale d’avril à septembre, Thomas emploie deux saisonniers. Une bonne partie de la récolte se fait manuellement et l’autre de façon mécanique, grâce à une récolteuse à lavande disposant d’une barre de coupe spéciale.
Vingt-quatre références de tisanes
Un bâtiment en bois, construit en 2011, est dédié au stockage et abrite le laboratoire consacré au séchage et à la transformation. Pour cette activité, l’agriculteur a récemment embauché une jeune femme en CDI, car toutes ces étapes sont particulièrement gourmandes en main-d’œuvre. Le conditionnement se fait en boîtes de quinze sachets, sans colle, ni agrafe ni ficelle.
« J’aurais pu faire du vrac, précise Thomas. Mais là encore, je voulais me démarquer. J’ai investi dans une machine à infusettes. Cette ensacheuse fabrique des petits sachets filtres individuels, conditionnés à la main, soit quinze dans chaque boîte. J’ai également investi dans une filmeuse. J’aurais préféré ne pas utiliser de plastique, mais dans les magasins, les conditions hygrométriques sont variables. Le film plastique permet à la boîte d’être hermétique. » Le nombre de références de tisanes est de vingt-quatre, en pur ou en mélanges. Thomas les commercialise auprès d’une quarantaine de points de vente, dans toute la région Nord-Est, dont une majorité de magasins de producteurs en vente directe.
Dominique Péronne
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