L’élevage bovin bien valorisé L’élevage bovin bien valorisé
En regroupant leurs trois exploitations, les membres du Gaec du Bois Roland ont rationalisé l’élevage, développé la vente directe et de nouvelles cultures.
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Ils se sont rencontrés chez Jeunes Agriculteurs, ont sympathisé et fini par regrouper, sous forme de Gaec, leurs trois exploitations d’environ 100 hectares chacune, situées dans la Somme. Olivier Parcy, mordu d’élevage, était à la tête d’un troupeau de charolaises. Les deux autres se sentaient plus des âmes de céréaliers, malgré la présence d’un élevage laitier chez Romuald Caure et de blondes d’Aquitaine chez Matthieu Pegard. « Nous avons commencé par travailler ensemble, puis par acheter du matériel en commun, explique Romuald Caure. En 2013, après plusieurs années de réflexion, nous avons rapproché nos structures, bien qu’elles soient situées à une quinzaine de kilomètres les unes des autres. » Dans la foulée, les trois agriculteurs ont eu l’opportunité de reprendre plusieurs petits lots de terre, ce qui a porté leur surface totale à près de 400 hectares.
La passion des charolais
Le premier avantage a été de conduire l’élevage de manière plus rationnelle et de mieux valoriser la viande. Les associés ont décidé d’arrêter le lait. Ils ont continué à mener les deux troupeaux de vaches allaitantes. Et, petit à petit, ils se sont séparés des blondes d’Aquitaine. « Comme nous bénéficions d’une bonne génétique en charolais, avec des animaux sélectionnés de longue date, le choix n’a pas été difficile », souligne Olivier Parcy, qui se consacre à l’élevage à 100 %. Depuis quelques années, il assure la présidence de l’association de la race charolaise des Hauts-de-France. Matthieu Pegard a pris en charge les grandes cultures et Romuald Caure passe d’une activité à l’autre, selon les pics de travail.
Aujourd’hui, le troupeau est composé de 108 vaches allaitantes et leur suite, réparties sur deux anciens sites. L’idéal serait de les regrouper au même endroit, mais les éleveurs ne sont pas prêts à investir dans de nouveaux bâtiments, même s’ils valorisent leurs bovins à des prix corrects. « Nous exploitons au mieux les différents débouchés qui s’offrent à nous, expliquent-ils. Nous vendons des reproducteurs, broutards et laitonnes, ou des taurillons, génisses et vaches de réforme à Socopa. Nous sommes aussi positionnés sur des niches, comme l’écoulement de quatre à cinq vaches par an auprès d’Auchan et de la vente directe. » Un choix judicieux : d’après une étude réalisée par la chambre d’agriculture en 2018, l’élevage a permis au Gaec de dégager une marge brute de 1 034 €/ha de SFP et 920 € par vache vêlée. L’alimentation des animaux repose surtout sur le pâturage, du foin et de l’ensilage d’herbe et de luzerne, de l’épeautre récolté en grains pour les veaux, et des pulpes surpressées et sèches de betteraves.
L’exploitation bénéficie de terres, moitié limons, moitié craie, au potentiel assez élevé, 90 à 110 q/ha en blé, 100 t/ha en betteraves sucrières – pas cette année – , mais avec un parcellaire étalé sur 35 km. « L’organisation en Gaec nous a permis de développer des cultures économiquement plus intéressantes, comme le lin textile, les pommes de terre fécule et la production de semences de céréales et d’espèces fourragères », précise Romuald Caure.
Des engagements professionnels
En outre, les trois associés ont réussi à dégager du temps pour s’engager sur le plan professionnel. Chez Groupama, au GDS et à la chambre d’agriculture pour Olivier ; à la coopérative Noriap et au Crédit Agricole, pour Romuald ; et à la coopérative féculière de Vecquemont, pour Matthieu. « Il est essentiel de sortir de la ferme », reconnaît Olivier Parcy. Ils sont aujourd’hui satisfaits de l’évolution de leur exploitation et de leur organisation. Mais ils ne cachent pas certaines préoccupations pour l’avenir. Le prix de la betterave s’est effondré, et pour les éleveurs, celui des pulpes ne cesse d’augmenter. Le colza pourrait disparaître de l’assolement si les périodes de sécheresse continuent et la pression des insectes reste aussi élevée.
Ratification du Ceta, contraintes sanitaires, mouvement antiviande, fermeture des abattoirs…, l’élevage n’est plus défendu, estiment-ils. Enfin, les trois agriculteurs s’interrogent sur l’intégration de la prochaine génération dans leur structure. La passion de leurs enfants pour l’élevage ou les cultures ne suffira pas.
Blandine Cailliez
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