Des prunes pour valoriserdes terres de c Des prunes pour valoriserdes terres de coteaux
Étienne Lafargue multiplie les variétés de prunes, bien adaptées à ses terres de coteaux du Tarn-et-Garonne, et les conditionne sur son exploitation, avant de livrer les expéditeurs.
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Depuis qu’il a repris l’exploitation de ses parents, en 1994, à Mirabel, sur les coteaux du Tarn-et-Garonne, Étienne Lafargue n’a cessé d’accroître sa surface de vergers et de diversifier ses variétés. « Notre ferme était spécialisée en céréales et en melon, mais ce dernier était en train de péricliter, se souvient-il. J’aurais pu faire de la pomme, mais sur les coteaux, cela n’aurait pas été rentable. Je suis donc parti sur de la prune et de la cerise. Dès que j’en ai eu l’occasion, j’ai repris des îlots de terre aux agriculteurs qui abandonnaient leur activité et j’ai planté pour augmenter ma surface de production. Actuellement, je cultive 70 ha, dont 44 ha en vergers et 26 ha en céréales, en attendant d’y mettre des arbres fruitiers. »
Récolte du 1er juillet au 15 octobre
Étienne exploite ainsi 30 ha de pruniers et 14 ha de cerisiers, disséminés sur une dizaine de kilomètres à la ronde, sur les communes de Mirabel, Montauban, Albias et Lamothe-Capdeville. Il produit des prunes européennes, comme celles de la famille des reines-claudes (dorée, d’Oullins, de Bavay), typiques de la région, ainsi que la prune bleue président. Il s’est aussi diversifié dans les américano-japonaises, qui représentent aujourd’hui la moitié de ses volumes. Il cultive, par exemple, obil’naya, TC Sun, Larry ann, october sun, angeleno, et la ruby star, une prune rouge mûre à la mi-septembre, en démarche club. « Toutes ces variétés, des plus précoces aux plus tardives, me permettent de récolter du 1er juillet au 15 octobre, se félicite l’arboriculteur. Et j’en teste de nouvelles pour en avoir jusqu’à la fin de l’année. De plus, lorsque la majorité de mes variétés arrivent à maturité, entre le 25 juillet et le 31 août, je les stocke au frais deux à trois semaines dans ma propre station fruitière, équipée d’une chambre froide d’une capacité de 400 t. Ça me donne plus de souplesse pour la commercialisation et l’avantage d’étaler les ventes pour ne pas saturer le marché. »
Tous les ans, de nouveaux vergers
Chaque année, Étienne plante 4 à 5 ha de vergers supplémentaires, tous irrigués grâce à un pompage dans la rivière Aveyron, géré par un réseau d’irrigation auquel il adhère. Depuis quatre ans, il protège également systématiquement ses plantations de filets paragrêles. Un investissement coûteux qui lui revient à environ 30 000 €/ha, plants, irrigation et filets compris, mais qui est fortement soutenu par Cancel Fruits Distribution, expéditeur de Castelsarrasin (Tarn-et-Garonne). Ce dernier commercialise 70 % de sa production (lire encadré ci-dessous). « Il s’agit d’une aide financière à la plantation fonctionnant comme un contrat de prêt, détaille l’exploitant. La société choisit la variété et je m’engage à apporter les kilos. J’assure la main-d’œuvre et la gestion du verger, et j’ai une obligation de livrer. Cancel se charge de la vente et retient un pourcentage fixé à l’avance, sur les volumes, pour se rembourser. En trois ans, nous avons planté ensemble 15 ha de prunes américano-japonaises. »
Un soutien bienvenu pour l’agriculteur, car le coût de plantation d’un hectare de verger est dix fois plus élevé que lorsqu’il a démarré son activité.
Réduire les phytos
Étienne fait appel à une entreprise de travaux agricoles pour la mise en terre de ses arbres, puis il assure, lui-même, l’entretien du verger, la récolte manuelle, le calibrage et le conditionnement des fruits. Il fait partie du « Réseau 30 000 » d’exploitations engagées dans la réduction des produits phyto. Dans le département, quinze arboriculteurs y travaillent ensemble et se retrouvent trois à quatre fois par an pour comparer leurs cahiers culturaux. En deux ans, il est déjà parvenu à supprimer deux traitements sur ses reines-claudes. « J’ai aussi tenté de produire des cerises zéro résidu, mais je n’y suis pas arrivé, reconnaît-il. En revanche, je pourrais sûrement y parvenir en prune en utilisant des produits de biocontrôle. Reste ensuite à bien valoriser les fruits à la vente pour compenser les coûts, ce qui, selon les années, n’est pas toujours gagné. » Florence Jacquemoud
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