Du lait de chèvre bien valorisé Du lait de chèvre bien valorisé
Depuis trois ans, Pauline Rouquet mène son troupeau de chèvres alpines de main de maître. Son frère Romain vient de la rejoindre, pour s’occuper des cultures et bovins.
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Lorsqu’elle a monté son élevage de chèvres en 2015, à l’occasion de son installation, Pauline Rouquet avait une idée précise de ce qu’elle voulait faire. Après un BAC STAV (Sciences et technologies de l’agronomie et du vivant), un BTSA ACSE (Analyse, conduite et stratégie de l’entreprise agricole) et un certificat de spécialisation en élevage caprin et transformation fromagère, le tout ponctué de stages chez des éleveurs, Pauline a décidé de se lancer. « J’ai tout d’abord travaillé trois ans au service caprin de la chambre d’agriculture de l’Aveyron, précise la jeune femme de vingt-sept ans. Ce parcours préliminaire m’a permis de valider mon projet et mon envie de m’installer à mon tour. »
Sur la ferme familiale de Rodelle, dans l’Aveyron, au nord de Rodez, Pauline a fait construire une chèvrerie de 1 000 m² en ossature bois, prévue pour élever deux cents mères en bâtiment. Le site comprend une nurserie, une salle de traite de vingt-quatre postes, et deux cellules de stockage pour le foin. Ce dernier est séché en grange par l’air chauffé naturellement à 40 °C, entre les tôles du toit et l’isolant posé en dessous. Une griffe à fourrage suspendue pivotante permet de pailler les parcs.
200 mères en bâtiment
« J’ai reçu mes cent quatre-vingts premières chevrettes à l’automne 2015, avec l’objectif qu’elles mettent bas un an plus tard et que je puisse commencer à traire, raconte Pauline. L’investissement de départ a été d’environ 300 000 euros, dont 20 000 euros pour le troupeau, acheté à la coopérative des chevriers du Rouergue. Aujourd’hui, je possède deux cents mères. J’ai volontairement créé un élevage désaisonné, afin d’avoir un pic de lait en octobre et novembre, au moment où il s’en produit le moins sur le marché et où il est le mieux valorisé. »
Les chèvres sont ainsi mises à la reproduction en avril. La monte se fait naturellement pour cent soixante-dix d’entre elles et par insémination artificielle pour les trente autres, afin d’obtenir des animaux reproducteurs. Les bêtes sont taries pendant l’été, ce qui facilite le travail lorsqu’il fait chaud, puis elles mettent bas en septembre. Elles produisent ensuite du lait jusqu’à la mi-juillet. Les chevreaux mâles sont engraissés un mois, puis vendus pour être abattus, tandis que les femelles sont gardées pour le renouvellement ou pour être vendues comme reproductrices. Seuls quelques petits boucs restent à la ferme pour la monte.
Trois heures par jour
Pauline trait ses chèvres matin et soir, par lots de trente, ce qui lui prend deux heures par jour, à quoi s’ajoutent 30 à 45 minutes pour les nourrir, pailler les parcs et s’occuper des chevrettes. Elle dispose d’un robot qui distribue l’aliment et rabat vers les chèvres le foin dispersé dans le couloir. Chaque chèvre produit en moyenne 950 litres par an et le troupeau a totalisé 185 000 litres en 2017-2018. L’éleveuse vend son lait à la coopérative Terra Lacta, à Caussade (Tarn-et-Garonne), qui le collecte tous les trois jours. « À l’automne, je suis payée 730 euros les 1 000 litres, contre 590 euros en avril, lors du pic de production de la filière, détaille-t-elle. À cela s’ajoutent des primes pour les taux protéiques et butyreux, qui m’ont permis de gagner cette année 69 euros de plus aux 1 000 litres. » Un résultat très honorable, qui représente déjà 60 % de l’activité de l’exploitation.
Reste que, dans l’organisation des activités, les mises bas arrivent à un moment où le travail aux champs est soutenu. C’est pourquoi le frère de Pauline, Romain, vingt-trois ans, installé depuis le 1er décembre 2018 à la place de son père Alain qui a pris sa retraite, va réorganiser l’élevage bovin. Les trente vaches laitières montbéliardes vont rejoindre le troupeau allaitant des vingt limousines, et la traite sera stoppée. Ce changement permettra à la ferme d’être entièrement autonome en foin pour les deux activités, mais aussi d’alléger le travail des éleveurs. Car pour le frère et la sœur, pas question d’être bloqués à la ferme comme leur père, qui ne s’est jamais autorisé quelques jours de vacances. Chacun suivra son troupeau sur le plan technique et tous deux se remplaceront, à tour de rôle, pour pouvoir lever le pied.
Florence Jacquemoud
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